Une voix dissonante. Après la mort de George Floyd, des centaines de milliers d’Américains ont scandé «Black Lives Matter» («Les vies noires comptent») pour dénoncer les violences policières et les préjugés raciaux. Une revendication importante étant donné le passé raciste encore très récent des États-Unis: la ségrégation ayant pris fin en 1965.
Si le mouvement Black Lives Matter (BLM) a eu un retentissement mondial, certains souhaitent le mettre en perspective. C’est le cas du militant controversé Kémi Séba, ex-leader de la Tribu Ka, groupuscule dissout en 2006 accusé de suprémacisme noir et d’antisémitisme. Ce vendredi 26 juin, le président de l'ONG Urgences Panafricanistes a détaillé sa position lors d’une conférence de presse à Paris.
«Beaucoup ne se reconnaissent pas dans Black Lives Matter. C’est un slogan progressiste occidental qui a été repris à la base d’une discussion interne qui avait son sens dans notre communauté. Mais lorsque le système médiatique le prend pour nous présenter comme des victimes. Eh bien au XXIe siècle, il y a des gens qui nous disent que nous ne sommes pas des victimes», explique Kémi Séba.
L’activiste avance que BLM «était une mobilisation ayant trait à l’autodétermination, à une volonté de justice sociale» et non «à se présenter comme des mendiants demandant à l’Occident: s’il vous plaît respectez nous».
«Nous sommes solidaires Ad vitam æternam avec toutes celles et ceux, de tous nos frères et sœurs qui luttent contre la négrophobie systémique et les bavures policières dont nous sommes l’objet […]. Mais une fois que ce postulat de base est lancé […] il est nécessaire de rappeler qu’il y a un bon nombre d’afro-descendants et d’Africains qui ne se sentent pas concernés ou représentés par cette terminologie qui lorsqu’on le traduit signifie "Hey les Blancs, la vie des Noirs compte".»
Instrumentalisation du mouvement
Selon lui, le mouvement est instrumentalisé à des fins électoralistes aux États-Unis. «Lorsque l’on parle de BLM, on parle d’une instrumentalisation néo-libérale de la souffrance noire». L’objectif? Que «les votes des Noirs puissent atterrir dans les mains de Joe Biden». Il en profite également pour faire un parallèle avec la situation en France.
«Il y a des gens qui ne veulent ni de la gauche, ni de la droite. Ni de Mélenchon, ni de l’extrême droite façon Soral […]. Aujourd’hui, nous nous battons pour nous-mêmes, pour notre communauté, pour le continent africain, pour la diaspora».