Affaire des «écoutes» de Sarkozy: plusieurs avocats auraient été espionnés par la justice

Le Parquet national financier a mené des investigations secrètes et étudié des factures téléphoniques de cabinets d’avocats dans l'entourage de l'ex-Président dans le cadre de l’affaire des «écoutes», a relevé Le Point. Suite à ces informations, l’un des avocats a dénoncé des «barbouzades» et déclaré qu’il allait porter plainte.
Sputnik

L’affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy semble prendre une nouvelle tournure. La révélation d'investigations d'ampleur, menées par le Parquet national financier (PNF) sur des ténors du barreau pour tenter d'identifier une «taupe» éventuelle en 2014 dans l'affaire dites des «écoutes», a scandalisé jeudi les avocats et le camp de Nicolas Sarkozy.

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Cette enquête préliminaire, parallèle à l'information judiciaire sur l'affaire des «écoutes», était connue de longue date. Mais jusqu'ici ni le contenu ni l'ampleur de la surveillance de tous ces avocats n'avaient été mis au jour avant les révélations jeudi de l'hebdomadaire Le Point.

Selon l'hebdomadaire, les enquêteurs de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) ont un temps épluché les factures téléphoniques détaillées de nombreux ténors du barreau et de leurs collaborateurs, parmi lesquels Mes Éric Dupond-Moretti, Jean Veil, Jacqueline Laffont, Pierre Haïk, Hervé Témime ou Marie-Alix Canu-Bernard mais aussi d'une magistrate ou des lignes fixes du PNF. Certains avocats ont même été géolocalisés.

Me Éric Dupond-Moretti a annoncé sur LCI vouloir porter plainte, tout en réalisant qu’elle pourrait ne pas aboutir.

«Je découvre avec stupéfaction des méthodes que je qualifie de barbouzades […]. On va surveiller pendant 15 jours mes facturations détaillées, pour savoir qui j'appelle, de qui je reçois des appels. Cela viole à la fois l'intimité de ma vie privée, cela viole mon secret professionnel et le secret de mes correspondances», a-t-il déclaré, cité par Le Point.

«On est en pleine dérive», a-t-il estimé.

«On a basculé dans la République du juge. C'est un immense danger pour la démocratie. Quand les dictatures arrivent, les premiers qu'on touche, ce sont les journalistes et les avocats.»

Dans ce contexte, il a estimé indispensable de prendre «un certain nombre de décisions».

L’affaire des «écoutes»

Dans le cadre de cette affaire, l’ancien chef de l’État doit être jugé pour corruption du 5 au 22 octobre, selon une information annoncée début janvier par le tribunal correctionnel de Paris. C’est la première fois sous la Ve République qu’un ex-Président doit être jugé pour corruption.

Nicolas Sarkozy est soupçonné d'avoir tenté d'obtenir début 2014, par l'entremise de son avocat Thierry Herzog, des informations secrètes auprès de l'ancien haut magistrat à la cour de cassation Gilbert Azibert dans une procédure en marge de l'affaire Bettencourt, en échange d'un coup de pouce pour un poste à Monaco. Au terme de l’instruction, les juges avaient ordonné le 26 mars 2018 un procès pour «corruption» et «trafic d'influence» contre les trois hommes.

L'affaire trouvait son origine dans les interceptions de conversations téléphoniques de l’ex-Président avec son avocat dans le cadre de l'enquête sur les accusations de financement libyen de sa campagne de 2007, rappelle dans ce contexte l’AFP. Les policiers avaient découvert que Nicolas Sarkozy utilisait un portable secret au moyen d'une carte prépayée sous l'alias de Paul Bismuth pour communiquer avec son avocat.

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