«Ici, la municipalité travaille avec les musulmans d’Aubervilliers pour la construction d’une grande mosquée», indique un panneau installé à peine quelques jours avant le second tour des élections municipales. Le nom de la maire sortante, la communiste Meriem Derkaoui, ainsi que l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM93) y figurent également. Une installation qui n’a pas plu à l’opposition ainsi qu’à certains résidents.
«On habite ici, on paye nos impôts et on n’est pas au courant des projets, là on nous les impose», s’est plaint Gina, 60 ans, interrogée par France Bleu Paris.
Une autre riveraine affirme auprès de la radio locale que l’initiative n’est pas anodine. «Pour qu'on vote pour elle car ici, il y a beaucoup de musulmans, c'est ce que je pense, pour moi c'est calculé».
Manœuvre électorale?
Arrivée troisième au premier tour, Meriem Derkaoui devra notamment faire face le 28 juin à la candidate de la droite Karine Franclet, qui a rassemblé le plus de voix, mais aussi à Sofienne Karroumi, issu de la liste «L’Alternative citoyenne».
Mme Franclet s’est dit «surprise» que ce panneau apparaisse à un tel moment, rappelant que la future mosquée est «un très ancien dossier» auquel la municipalité avait accordé peu d’intérêt jusque-là. Elle a ainsi dénoncé le «clientélisme» et «l’opportunisme électoral» de la candidate du PCF. «Je trouve scandaleux d'utiliser un sujet aussi sérieux pour faire campagne, c'est électoraliste et communautariste», s’est quant à lui indigné M.Karroumi.
De son côté, Mme Derkaoui a assuré à France Bleu Paris que c’est l’UAM93 qui avait demandé à poser ce panneau, mais que son installation a pris du retard en raison du confinement. Elle assume également que son nom soit cité, puisqu’elle occupe toujours ses fonctions. «Les gens savent très bien que je suis attachée à la laïcité, je n'ai plus rien à prouver là-dessus», a-t-elle conclu.