Dans une intervention sur CNews ce 14 juin, le polémiste Guillaume Bigot a pointé du doigt «un phénomène totalitaire», émergeant derrière les mouvements antiracistes qui organisent les actuelles manifestations.
Revenant sur le rassemblement du 13 juin en hommage à Adama Traoré, où ont été proférées des insultes antisémites, l’éditorialiste parle d’inversion de la réalité. Il se réfère au célèbre roman de George Orwell 1984 pour étayer ses propos.
«On sent poindre quand même un phénomène totalitaire. C’est Orwell qui avait expliqué ça dans 1984, il a dit: "le totalitarisme commence quand on inverse finalement les polarités et la réalité" […]. Donc là, on a un antisémitisme qui se cache à peine et qui se déclare "l’antiracisme". Donc les racistes sont les antiracistes. Il y a vraiment une inversion complète de perspectives», a-t-il déclaré sur CNews.
Guillaume Bigot a également fustigé le «discours larmoyant et victimaire, tenu par les gens venus des cités». Il s’en est aussi pris aux «jeunes bourgeois», selon lui, présents dans les manifestations, qu’il dit «culpabilisés et décérébrés par des décennies de lavage de cerveau».
Effacer les traces du passé
La référence au totalitarisme à propos des récentes manifestations a également été reprise par d’autres intellectuels. Invité sur RTL ce 11 juin, le philosophe Raphaël Enthoven a ainsi critiqué dans les mêmes termes les attaques contre les statues, et le retrait provisoire du film Autant en emporte le vent de la plateforme HBO Max. Il a lui aussi cité l’œuvre de George Orwell.
«C'est un moment orwellien. C’est un moment qui a été décrit par George Orwell dans 1984 mais on a du mal à le comprendre parce que George Orwell dans 1984 décrit un État totalitaire. Le totalitarisme vient de l’État, vient d’en haut, or en la circonstance le totalitarisme vient d’en bas mais la démarche est la même. […] Le passé est soumis aux besoins du présent: c'est ce qu'on appelle la mutabilité du passé, […] on contrôle les gens, parce qu’on contrôle leur mémoire. […] Autant en emporte le vent, en 2017 à Memphis, le film avait déjà été suspendu par un cinéma […] c’est-à-dire que le présent légifère sur le passé. […] On réécrit les choses aux besoins du présent, ce qui est un procédé totalitaire», a-t-il expliqué sur RTL.
Le philosophe a qualifié de dangereuse l’attitude qui voudrait «qu’on lutte contre la haine en effaçant les traces de son passage».