Le Rwanda, cœur écologique de l’Afrique, compte investir plus de 11 milliards de dollars dans le climat – exclusif

Dans une interview exclusive accordée à Sputnik, Jeanne d'Arc Mujawamariya, ministre de l’Environnement du Rwanda, explique comment ce pays d’Afrique de l’Est remporte depuis de longues années les paris climatiques, quelles sont ses priorités et quels projets seront financés à hauteur de plus de 11 milliards de dollars.
Sputnik

Le Rwanda est le premier pays d’Afrique et l’un des rares au monde à déposer sa deuxième « contribution nationale » à l’Accord de Paris auprès de la Convention cadre des Nations unies sur le climat. Ce n’est pas la première fois que cet État fait preuve d’un réel volontarisme envers la cause écologique. Il est l’un des pionniers concernant l’abandon des sacs plastiques et est prêt à dépenser des sommes astronomiques pour lutter contre le dérèglement climatique.

Changement climatique vs Covid-19

Malgré la pandémie, Kigali insiste sur l’importance de l’Accord de Paris car, pour la plupart des pays de la région, le changement du climat est la priorité principale et la cause première des dégâts matériels mais aussi humains, souligne Jeanne d'Arc Mujawamariya, ministre de l’Environnement du Rwanda.

«La pandémie n’a fait que 2 victimes actuellement au Rwanda depuis la parution du premier cas, alors que les glissements du terrain ont pris la vie de 150 personnes depuis le début de l’année sans compter les infrastructures et autres propriétés détruites. Le changement climatique est une réalité pour le Rwanda, pour toute l’Afrique de l’Est, nous devons prendre des mesures».

11 milliards de dollars pour le climat

Sur une période de 10 ans, le Rwanda prévoit des projets de mise en œuvre, de détermination et de contribution nationale à l’Accord de Paris, pour un coût total de plus de 11 milliards de dollars. D’autres projets qui ont déjà débuté ou sont envisagés d’ici peu représentent la somme précise de 336.429.346 dollars, selon les informations fournies par la Ministre rwandaise de l’Environnement.

«Pour ce qui est de l’atténuation dans les domaines de l’énergie, industrie, agriculture, forestier, et l’utilisation des terres ainsi que la gestion des déchets, ce coût avoisine les 5,7 milliards de dollars. Pour l’adaptation des ressources en eau et la gestion des terres, l’aménagement de l’habitat, l’exploitation minière, seront investis autour de 5,3 milliard de dollars».

Encore des projets verts pour des millions de dollars

Jeanne d'Arc Mujawamariya énumère les projets écologiques en cours et en vue, comme le renforcement de la résilience climatique des communautés dans le nord du Rwanda, qui coûtera plus de 30 millions de dollars, ou encore la Ville Verte, qui sera cofinancé par le gouvernement du Rwanda et le Fond Vert et qui est estimée à près de 50 millions de dollars.

Le Rwanda, depuis longtemps, prône pour les énergies alternatives et la lutte contre la dépendance envers l’énergie de biomasse. La ministre de l’Environnement est sûre que son pays pourra bientôt dire «bye bye à la biomasse et réduire la dépendance au charbon, au bois de chauffage pour la cuisine ». Ce projet est évalué à près de 55 millions de dollars. Donc au total, cela fera plus de 336 millions de dollars pour les objectifs en cours, avec «la mobilisation des fonds avec les partenaires, les autres gouvernements et les organisations internationales », précisé la ministre.

L’affaire de toute l’Afrique

Les effets dévastateurs des changements climatiques sont indéniables et concernent tous les pays du continent, où le moteur de l’économie reste principalement le secteur de l’agriculture ou encore le secteur minier. Jeanne d'Arc Mujawamariya est persuadée que l’Afrique doit travailler avec un esprit de coopération entre les pays du continent et à l’échelle internationale afin de mobiliser assez de ressources nécessaires pour agir contre les risques climatiques.

«En Afrique le climat s’est réchauffé de 0,5 degré au cours de ces 50 dernières années, la plupart des pays du continent connaissent les menaces du changement climatique,  nous les vivons tous les jours, comme les glissements des terres. Quand on parle du climat, il faut investir.»
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