Près de 90% des jeunes du 93 pensent que des habitants du département sont discriminés par la police ou la justice

Face aux polémiques qui secouent actuellement la société, un sondage réalisé en 2019 montre que neuf jeunes de Seine-Saint-Denis sur 10 pensent que des habitants de leur département sont victimes de discriminations par la police ou la justice.
Sputnik

Selon un sondage réalisé en 2019 pour le conseil départemental du 93 et que France Info a pu consulter mercredi 10 juin, un tiers des habitants de Seine-Saint-Denis déclarent avoir été discriminés ces cinq dernières années en raison de leur «origine» ou de leur «couleur de peau».

Les jeunes ciblés

Plus de 80% des sondés estiment que la couleur de peau, la religion et le quartier d'habitation sont les facteurs principaux de discrimination dans ce département, le plus pauvre de France métropolitaine.

Plus d’amendes pour les habitants de la Seine-Saint-Denis que pour les autres pendant le confinement. Pourquoi?
Ainsi, 81% «pensent qu'en Seine-Saint-Denis des personnes sont discriminées par la police et la justice. Un avis partagé par près de neuf jeunes sur dix», indique l'étude.

Au cours de ces cinq dernières années, 28% indiquent avoir été discriminés en raison de leur lieu de résidence. Ce chiffre s'établit à 43% pour les 18-24 ans. 85% pensent aussi que les habitants de Seine-Saint-Denis sont discriminés lors de la recherche d'un logement.

Les personnes interrogées ont une «très forte attente» envers les pouvoirs publics et prônent à 95% l'éducation comme «le meilleur recours» dans la lutte contre les discriminations.

«Il faut donc sortir de cette situation, de cette réalité»

Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, a commenté pour France Info les résultats de ce sondage.

«Au-delà du sentiment diffus de discrimination qui existe depuis des années, il y a des faits réels. Cette démarche que nous avons souhaité engager avec cette enquête, c'est justement aussi d'exposer les faits, de sortir du déni pour mettre sur la table ce débat sans aucun détour (…) et pour sortir de cette réalité. Parce que je crois que c'est non seulement un problème pour les individus, mais c'est aussi un problème collectif pour la société. Il faut donc sortir de cette situation, de cette réalité, par un plan d'action bien global».

«Avec les mobilisations actuelles, nous sommes à un tournant qui doit être l'occasion de sortir enfin du déni concernant les discriminations», a conclu l'élu.

Le sondage a été réalisé par Harris Interactive via une enquête téléphonique du 18 juin au 9 juillet 2019 auprès d'un échantillon de 1.004 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus habitant en Seine-Saint-Denis.

Mouvements antiracistes dans le monde

Le meurtre de George Floyd a déclenché une vague de manifestations contre le racisme dans le monde. En France, cette affaire a été associée à la mort d’Adama Traoré, également mort suite à son interpellation. 

Le 8 juin, Christophe Castaner a dévoilé une batterie de mesures pour améliorer la déontologie des forces de l'ordre, au sein desquelles une politique de «tolérance zéro» envers le racisme est prônée.

Le 9 juin, quelques milliers de personnes, dont des leaders politiques de gauche, se sont rassemblées à Paris pour saluer la mémoire de Georges Floyd.

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