Cameroun: les éléphants tueurs d’Hommes

Déjà victimes des violences de Boko Haram, les populations de l’Extrême-Nord du Cameroun doivent aussi faire face aux attaques répétitives des éléphants. Dernier cas en date, une jeune dame qui a été tuée le 3 juin par un pachyderme dans un village de la région. Un cas parmi tant d’autres dans cette partie du pays.
Sputnik

À côté des incursions répétitives et meurtrières de la secte islamiste Boko Haram, ayant prêté allégeance à Daech*, certaines localités de l’Extrême-Nord du Cameroun, l’une des plus pauvres du pays, font désormais face avec récurrence aux attaques des éléphants. Dernier cas en date, le 3 juin 2020. Elyse Bahane, 26 ans, a été tuée à la suite d’une attaque d’un de ces pachydermes dans le village de Tereng à Moulvoudaye. Une information relayée par Maurice Kamto, opposant au pouvoir de Yaoundé, qui alerte par la même occasion les autorités sur la multiplication des attaques et la nécessité d’y accorder une attention particulière.

«J’exprime mon indignation devant l'indifférence des autorités qui restent inactives face à ce phénomène récurrent. Dans l’arrondissement de Kalfou, on compte au moins 10 victimes. D’autres localités (Kaola, Bougaye, Djabewal, Guinane, etc.) en ont fait l’amère expérience», a-t-il écrit sur son compte Twitter.

​Des attaques récurrentes

Ces dernières semaines, plusieurs attaques d’éléphants ont été signalées dans la partie septentrionale du Cameroun. Lundi 6 avril, le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune signalait le décès du nommé Davalam Veklé, habitant d’une localité située à l’ouest de Djondong, dans le département du Mayo-Danay. Alors qu’il passait sa nuit à la belle étoile pour échapper à la suffocante chaleur de sa case en cette période de l’année, le septuagénaire a été mortellement attaqué par deux éléphants.

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Avant lui, le 3 avril dernier déjà, un élève de 13 ans de l’école publique de Bougaye, une bourgade de l’arrondissement de Kalfou dans la même région, est tombé sous les pattes d’un éléphant au bord d’une mare. Selon le même journal, le groupe d’enfants a été pris pour cible par un pachyderme devenu particulièrement furieux. En février, un homme de 38 ans a également été tué par un éléphant dans la même localité. La victime défendait sa récolte de mil que ces mammifères voulaient mettre sens dessus dessous.

Selon des témoignages recueillis dans la région, les pachydermes s’attaquent généralement aux réserves de mil entreposées dans les villages situés à proximité de la réserve de Kalfou, lorsqu’ils manquent de nourriture dans la brousse.

Toutefois, et selon un ancien conservateur du parc national de la Bénoué, qui s’est exprimé à Sputnik en souhaitant garder l’anonymat, le conflit homme-éléphant (CHE) remonte au début des années 90 dans cette partie du pays. Il est principalement causé par l'explosion démographique et la réduction des surfaces d’habitats naturels. Cela a pour conséquence un rapprochement entre les plantations et les aires protégées. Ainsi, les Hommes et les éléphants sont de plus en plus en rivalité pour l’espace et la nourriture. Ce qui entraîne des conséquences tragiques: des personnes qui perdent leurs récoltes, leurs bétails et parfois la vie.

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​Si les attaques d’éléphants sont de plus en plus signalées au Cameroun, les pachydermes y sont aussi victimes de braconnage. À cause de la pratique, le pays a perdu en 10 ans 70% de sa population d’éléphants. Dans un entretien accordé à Sputnik en septembre 2019, Clotilde Ngomba, directrice nationale du Fonds mondial pour la nature (WWF) au Cameroun, alertait également sur la nécessité de préserver cette espèce en voie d’extinction dans le pays.

«Le braconnage pour l'ivoire est la principale cause de ce déclin drastique des populations d'éléphants», avait-elle souligné.

Le WWF exhortait également les dirigeants du Cameroun à renforcer de toute urgence la législation contre le braconnage, en fédérant les efforts et intensifiant la surveillance et les mesures d'application de la loi dans et autour des aires protégées transfrontalières. Tout ceci devant être en étroite collaboration avec les communautés locales et autochtones.

*Organisation terroriste interdite en Russie

 

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