Mort d'Adama Traoré: une nouvelle expertise commandée par la famille pointe la responsabilité des gendarmes

La technique d'interpellation employée par les forces de l'ordre a provoqué la mort du jeune Adama Traoré en 2016, d'après une nouvelle expertise médicale commandée par sa famille.
Sputnik

Une nouvelle expertise médicale, réalisée à la demande de la famille d'Adama Traoré, un jeune homme noir de 24 ans décédé en 2016 lors de son arrestation, attribue son décès à la technique d'interpellation employée par les gendarmes, a appris mardi l'AFP de source proche du dossier.

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Dans le nouveau rapport, un médecin, qui a travaillé à partir des autres expertises et de documents médicaux, selon l'avocat de la famille, considère pour sa part qu'Adama Traoré est mort d'un syndrome asphyxique faisant suite à un œdème cardiogénique.

Il attribue ce dernier «à une asphyxie positionnelle induite par le plaquage ventral», revenant à pointer la technique d'interpellation des gendarmes, selon ce document dont l'AFP a pu consulter les conclusions datées du 2 juin.

«Aucune autre cause du décès n'est identifiée», ajoute-t-il.

Spécialistes des maladies en question

Adama Traoré «a pris le poids de nos corps à tous les trois» lors de son arrestation dans la maison où il s'était caché, avait raconté un des gendarmes lors d'un interrogatoire, suscitant des interrogations sur la méthode employée.

«Contrairement aux experts désignés par les juges, les médecins indépendants qui ont réalisé les contre-expertises sont tous spécialistes des maladies évoquées dans le dossier. Compte-tenu de leurs compétences, leurs conclusions s'imposent face à celles qui excluent le plaquage ventral comme cause de la mort d'Adama Traoré», a réagi auprès de l'AFP Me Yassine Bouzrou.

Précédente expertise

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Précédemment, l'avocat d'Adama Traoré, Me Yassine Bouzrou, avait critiqué la compétence des médecins ayant mené la dernière expertise et a demandé «une contre-expertise indépendante», selon les informations de France Info.

Cette expertise médicale a écarté la responsabilité de la gendarmerie et a affirmé que le jeune homme n'était pas décédé d'asphyxie positionnelle mais d'un œdème cardiogénique.

«Dans l'affaire Adama Traoré, lorsque mes clients indiquent, et je le fais aussi, que les expertises officielles commandées par la justice sont des expertises de complaisance qui n'ont qu'une seule envie, c'est d'exonérer les forces de l'ordre, on peut se poser des questions!», avait fustigé l’avocat.

Assa Traoré, sœur d'Adama et porte-parole du collectif Vérité pour Adama, avait de son côté dénoncé cette expertise «mensongère et conduite par des médecins pas spécialistes que nous qualifions de charlatans».

Rassemblement interdit

Des milliers de manifestants se sont rassemblés devant le parvis du tribunal de Paris ce mardi 2 juin malgré l'interdiction du préfet de police. Sur les pancartes, il est inscrit «Black lives matter» («les vies des Noirs comptent») et «Let us breathe» («laissez-nous respirer»).

L'action survient dans le contexte des émeutes dans plusieurs villes américaines à la suite de la mort de l'Afro-Américain George Floyd, également lors d'une interpellation. Le 1er juin, des actions en son hommage se sont tenues à Paris et à Bordeaux.

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