«Folie furieuse de Macron», «idéologie des eurodingos»: bientôt un impôt européen?

Thierry Breton, Commissaire européen au Marché intérieur, a évoqué l’idée de lever un impôt européen afin de rembourser la dette qui financera le plan de relance de Bruxelles, d’un montant de 750 milliards d’euros. Pour Florian Philippot, président des Patriotes, il s’agit d’une mauvaise idée préfigurant «un esclavage par la dette européenne».
Sputnik
«Quand on lève une dette, on la rembourse.»

Sur BFM Business, Thierry Breton, Commissaire européen au Marché intérieur, a évoqué les solutions possibles afin de rembourser la dette que provoquera le vaste plan de relance proposé par Bruxelles. La Commission européenne souhaite mettre 750 milliards d’euros sur la table afin de faire face à la grave crise économique causée par l’épidémie de coronavirus. Pour la première fois de son histoire, elle souhaite que le plan soit financé par un emprunt commun «au nom de l’Union européenne». Le but est notamment d’aider les pays les plus touchés par la crise.

​«L’idée […] c’est que la Commission dispose désormais, on va en discuter ensuite, de ressources propres, c’est-à-dire qu’elle puisse éventuellement bénéficier d’impôts, lever de l’impôt», a expliqué le Commissaire européen.

Lever l’impôt européen, «soulèvement populaire» à venir?

De quoi fortement inquiéter Florian Philippot, président de la formation pro-Frexit Les Patriotes. Il a dit tout le mal qu’il pense de cette idée au micro de Sputnik France:

«Lever l’impôt est une prérogative absolument centrale d’un État. La France ne peut déjà plus battre sa monnaie, contrôler ses frontières ou ses politiques commerciale et budgétaire. Que reste-t-il? L’impôt et l’armée.
Nous savons que des projets d’armée européenne sont évoqués, notamment par le Président Macron. Concernant la levée d’un impôt européen, il s’agit de l’un des rêves de Bruxelles depuis des années. Elle attendait l’opportunité parfaite pour le faire et la crise du coronavirus lui en donne l’occasion.»

D’après Florian Philippot, cette idée est le fruit de «l’idéologie des eurodingos» à laquelle ne s’opposerait pas «la folie furieuse de Macron» et mènerait à «un esclavage par la dette européenne». Le président des Patriotes accuse notamment le locataire de l’Élysée d’être dans une fuite en avant européiste.

«J’alerte les Français. Cette crise va servir de prétexte à plusieurs changements, notamment une restriction des libertés individuelles et le rapprochement vers un État européen. Emmanuel Macron et Angela Merkel ont déjà parlé d’Europe de la santé.
Il y aura de nouveaux transferts de compétences de l’État français vers Bruxelles, notamment en lui permettant de lever l’impôt. À ce moment-là, nous serons encore moins libres et perdants, car avec les transferts budgétaires, nous recevrons moins que ce que nous donnerons», ajoute-t-il.

Thierry Breton a émis plusieurs hypothèses quant à la forme que prendrait l’impôt européen. «On peut penser évidemment à ce fameux mécanisme d’ajustement du carbone aux frontières dites taxe carbone, on peut penser –si jamais les États se mettent d’accord notamment sous l’égide de l’OCDE– à la fameuse taxe numérique dite taxe GAFA, on peut penser aux ETS. On a un certain nombre d’impôts qui bénéficient au fond à l’ensemble de nos concitoyens européens qui peuvent précisément désormais être levés par la Commission, en tout cas, c’est quelque chose que l’on présentera pour rembourser», a-t-il détaillé sur BFM Business.

​«Pour l’instant, il a évoqué un impôt indirect. Mais quand l’on parle de taxe carbone, le consommateur pourrait très bien se retrouver à en payer indirectement le prix. Nous sommes parfaitement au fait de la méthode Jean Monnet ou de la méthode Robert Schuman. Il s’agit de fonctionner par petits pas irréversibles qui, une fois acquis, empêchent tout retour en arrière. Et l’on avance toujours dans la même direction: celle de l’État européen», analyse Florian Philippot, avant d’ajouter:

«Une fois qu’ils auront la possibilité de lever un impôt indirect, ils demanderont celle de lever un impôt direct. Un beau jour, les Français devront s’acquitter de l’impôt sur le revenu européen, de la TVA européenne de l’impôt sur les sociétés européen. L’Europe n’a jamais fonctionné autrement que comme cela.»

Comme plusieurs observateurs tels que François Boulo, l’avocat porte-parole des Gilets jaunes à Rouen, le président des Patriotes anticipe un «soulèvement populaire» dû à la violence de la crise économique.

Impôt européen, argument en faveur du Frexit?

D’après lui, un impôt européen pourrait jouer un rôle de catalyseur de la colère populaire: «Je rappelle qu’une taxe sur l’essence a allumé la mèche concernant les Gilets jaunes. Il faut prendre le côté positif et parler aux Français en colère, qui sont de plus en plus nombreux, de cet impôt européen. Car nous touchons là à quelque chose de très concret, qui peut les convaincre de la nécessité du Frexit.» Et de poursuivre:

«Les questions de souveraineté ou de transferts de compétence peuvent parfois paraître abstraites à certains Français. Pas les questions d’impôts. Directement ou indirectement, tout le monde en paie. Le fait de se retrouver à payer un impôt pour l’Union européenne peut faire office d’étincelle afin d’allumer un soulèvement populaire pro-Frexit.»

Florian Philippot appelle les souverainistes de droite comme de gauche à se rassembler afin de faire barrage aux projets fédéralistes de Bruxelles. Quid de l’initiative du philosophe Michel Onfray, la revue «Front populaire»?

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Récemment, l’auteur expliquait son projet au micro de Sputnik. Monté avec son ami Stéphane Simon, producteur et journaliste, il a pour but de «fédérer les souverainistes de droite, de gauche et d’ailleurs» et de «rédiger un véritable programme pour le Frexit et ainsi faire émerger des figures politiques qui ne sont pas issues des partis politiques». Plusieurs personnalités telles que le professeur Didier Raoult, Georges Kuzmanovic, Régis de Castelnau ou Jacques Sapir, ont déjà fait part de leur volonté de participer à l’aventure. Florian Philippot exprime un sentiment mitigé concernant le projet de Michel Onfray:

«Je l’ai accueilli très positivement au départ en voyant que l’objectif affiché était le même que celui des Patriotes, à savoir réunir les souverainistes de tous bords. J’ai contacté Michel Onfray afin de lui faire part d’un rassemblement que je vais bientôt organiser. Malheureusement, je n’ai pas obtenu de retour et j’ai essuyé des critiques de sa part sur plusieurs médias.
J’ai bien peur que tout cela soit inutile, d’autant plus que j’ai vu Michel Onfray face à Éric Zemmour défendre l’idée que la France ne peut avoir une politique de puissance que dans l’Europe. Nous sommes dans du souverainisme très, très light. Je ne ferme cependant pas la porte. L’initiative est jeune et j’attends de voir. S’il veut faire le rassemblement des souverainistes, il sait que, de mon côté, la porte est ouverte.»
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