Aussitôt que la possibilité s'est présentée avec les troubles à Minneapolis, à la suite de la mort de George Floyd, d’éminentes personnalités ont tenté de rappeler aux Américains comment analyser les crises internes. Comme toujours sans preuves, mais aussi sans touche créative: les voix des détracteurs de la Main du Kremlin semblent s’être affaiblies.
«Selon le renseignement, la Russie cherche à semer le chaos aux USA avant les élections. Mission accomplie», a écrit la juriste Barbara McQuade sur son compte Twitter le 31 mai, un article du New York Times à l'appui.
Professeure et analyste politique, Mme McQuade n'est pas la seule à émettre cette hypothèse. Susan Rice, ex-conseillère à la sécurité nationale d'Obama, «ne serait pas étonnée si les Russes incitent les deux parties à l'action via les réseaux sociaux». Sans hésiter, elle a également supposé que la Russie puisse les «financer». Les théoriciens de la Main du Kremlin connaissent ses méthodes... et pour une raison inconnue ne se limitent toujours pas dans les suppositions.
«Preuve» périmée
Soutenue par certains, la position de la juriste McQuade a déclenché un tonnerre d'indignations. Il a vite été mis en évidence que l'article à l'appui datait d'il y a trois mois.
«Moment parfait pour poster cet article d'il y a trois mois», ont ironisé certains internautes.
Le texte, publié dans le New York Times le 10 mars, cite notamment des experts affirmant que «l'un des objectifs de la Russie est d'affaiblir les institutions» en brisant l'unité des citoyens et en réchauffant les conflits raciaux. Une équation antirusse qui fonctionne toujours bien pour canaliser la haine citoyenne vers un ennemi extérieur et distraire des problèmes internes. Seule la définition varie entre conflits «raciaux», «entre partis politiques» ou n'importe quoi d’autre.
«Bien sûr, oui, c'est la faute de la Russie. Le chaos qui se passe maintenant n'a évidemment rien à voir avec le fait que parmi nos forces de police il y a des personnes brutales qui y travaillent sans grand respect pour la vie humaine», se sont indignés d'autres.
«La fin de ces théories du complot nauséabondes sur les Russes, c'est pour quand?», est-il encore demandé. «Nous ne résoudrons jamais les problèmes systémiques si nous ne reconnaissons pas que NOUS sommes le résultat de nos problèmes. La plus grande menace pour les États-Unis est les États-Unis.»
«Mon expérience»
Les arguments de l'ancienne conseillère Susan Rice ont aussi éveillé des questions, tandis qu'elle n'a pas été gênée d’avouer ne pas avoir consulté d’information de renseignement à ce sujet.
«À en juger par mon expérience, je ne suis pas au courant des données de renseignement actuellement, cela s'inscrit bien dans le manuel des règles russe», a-t-elle déclaré.
Face à cette «expérience» à l'appui, plusieurs ont demandé: «Montrez-moi s'il vous plaît ces Russes qui forcent la police à tuer des Noirs. Tout ce que je vois ce sont les gardes du corps de la classe dirigeante tuant des pauvres».
«Comment Poutine a-t-il été capable de s'infiltrer dans nos forces de l'ordre et de les utiliser pour terroriser les Noirs et attaquer les manifestants pacifiques? Encore plus étonnant, comment a-t-il pu le faire depuis les années 1840 où Nicolas Ier était au pouvoir en Russie? Est-ce que quelqu'un peut arrêter cet homme?», ont fait remarquer d'autres, exagérant la puissance du dirigeant russe comme aiment le faire les fans du «manuel des règles russe».
«Sale» manipulation
Des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont lieu dans plusieurs villes américaines depuis la mort le 25 mai de l'Afro-Américain George Floyd, décédé après avoir été arrêté par la police.
Selon la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, l’émission de CNN où s'est exprimée Susan Rice relève d’une «méthode sale de manipulation de l’information» et d’«un parfait exemple de propagande», alors qu’aucun fait n’est fourni à l’appui.