Le Togo réaffirme son ambition de vouloir réclamer l’ensemble de son patrimoine culturel sorti du pays pendant la colonisation à un certain nombre d’États occidentaux.
L’objectif de la démarche est de faire de ce patrimoine «une ressource historique» au profit des générations actuelles et futures, a déclaré à Sputnik l’archéologue Lucie Tidjougouna, directrice du patrimoine culturel du Togo à l’occasion de la célébration, le 17 mai dernier, de la journée internationale de la protection du patrimoine culturel.
«Près de 2.000 œuvres se trouvent au musée du Quai Branly, en France. En Allemagne, à l’université de Berlin, ce sont près de 20.000 à 30.000 objets qui sont répertoriés. Il en est de même à Londres et aux États-Unis», a indiqué la directrice du patrimoine culturel.
En dépit des données dont le pays dispose sur certains de ces biens, aucun inventaire exhaustif n’existe à ce jour permettant d’engager un processus de réclamation.
L’inventaire n’est pas la seule difficulté qui se présente. L’autre challenge est de doter le Togo de structures à même d’entretenir et de sauvegarder dans les meilleures conditions les œuvres qui seront rapatriées. En attendant, les experts togolais se forment sur le sujet.La direction du patrimoine s’occupe elle-même de sensibiliser, aux frontières, pour que «les commerçants véreux qui font feu de tout bois» malgré les interdictions ne continuent pas de faire sortir les objets originaux du pays.
«Parce qu’on ne va pas les réclamer pour seulement les réclamer, mais pour les exposer et pour les promouvoir. C’est pour cette raison qu’il faut avoir d’abord des infrastructures aux normes internationales pour les accueillir, des professionnels formés pour continuer le travail», a expliqué Lucie Tidjougouna à Sputnik
Reste que le rapatriement nécessitera également l’accord de l’État et/ou de l’institution qui possède les œuvres en question. Par exemple, les biens détenus par des structures telles que des universités demandent qu’un partenariat ou un accord de restitution soit établi d’abord entre pays, a renseigné la responsable togolaise.
Pour mener à bien cette mission, les autorités togolaises sont fortes d’un certain nombre de conventions internationales qui légitiment leur action, à l’instar de la convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert illicite de propriété des biens culturels, adoptée le 17 novembre 1970 à Paris.
Le pays inscrit également son action dans une démarche régionale engagée au niveau de l’organisation des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). En décembre 2018, une déclaration politique sur le retour des biens culturels africains à leur pays d’origine a été adoptée par les chefs d’État d’Afrique de l’Ouest. Un document qui a donné lieu, par la suite, à un plan d’action pour fournir une synergie pouvant renforcer les doléances de chacune de ces nations prise isolément.
Des pays occidentaux ont d’ores et déjà fait part de leur disposition à restituer les œuvres du patrimoine africain présentes sur leur territoire. Dans son discours du 28 novembre 2017 à Ouagadougou, le président de la République Emmanuel Macron a déclaré: « Je veux que d’ici à cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique.»