Pendant que des millions d’Américains plongent dans la précarité, les milliardaires s’enrichissent

Alors que la pandémie de coronavirus met l’économie des États-Unis à mal, la valeur nette des 600 plus grosses fortunes américaines a grossi de 434 milliards de dollars entre le 18 mars et 19 mai 2020. Le bond est énorme: +15% en deux petits mois. Pendant ce temps-là, des millions d’Américains luttent pour joindre les deux bouts.
Sputnik

Plus de 100.000 morts et des millions d’Américains jetés dans la précarité. La pandémie de coronavirus a durement frappé l’Oncle Sam. Les mesures de confinement visant à stopper la propagation du virus ont provoqué en avril la plus importante chute du nombre d’emplois dans le pays depuis la Grande Dépression.

​Pendant que des millions d’Américains s’inscrivent au chômage semaine après semaine, les milliardaires du pays gardent le sourire. Forbesa récemment révélé qu’entre le 18 mars et le 19 mai 2020, la valeur nette des 600 plus grandes fortunes du pays avait évolué à la hausse. Et pas qu’un peu: +434 milliards de dollars, soit 398 milliards d’euros. Cela représente une progression de 15% en deux mois.

Toujours plus d’écart de revenus

Au sommet de la pyramide, Jeff Bezos, Bill Gates, Mark Zuckerberg, Warren Buffett et Larry Ellison, qui forment le quinté des milliardaires américains les plus riches, ont gagné 75,5 milliards de dollars durant cette période.

Chômage totalement hors de contrôle aux Etats-Unis: vers un nouveau 1929?

Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, a particulièrement profité de la crise et a vu la valeur nette de sa fortune augmenter de 30,6%. Elle atteint désormais la somme pharaonique de 147,6 milliards de dollars. Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, a lui aussi tiré les marrons du feu en gagnant 25 milliards de dollars.

Cette envolée de richesse est d’autant plus saisissante qu’elle contraste fortement avec la situation financière catastrophique qui est celle de millions d’Américains. Dans un pays qui offre une protection sociale aux salariés bien inférieure à celle dont on peut bénéficier en France, la pandémie de coronavirus a provoqué des dégâts économiques et sociaux colossaux.

«Alors que des millions de personnes risquent leur vie et leur gagne-pain en tant que travailleurs mis en première ligne, ces milliardaires bénéficient d’une économie et d’un système fiscal qui est câblé pour canaliser la richesse vers le sommet», a souligné Chuck Collins, directeur du programme sur l’inégalité à Institute for Policy Studies, cité par Forbes.

Le média économique rappelle que, depuis la mi-mars, 47% des Américains ont déclaré qu’eux-mêmes ou une autre personne de leur foyer avaient subi des pertes de revenus. D’autre part, environ 16 millions de travailleurs ont perdu l’assurance maladie qui était fournie par leur employeur.

Une situation vouée à empirer?

«L’écart entre ceux qui se trouvent tout en haut de l’échelle économique américaine et ceux qui se trouvent en bas ou à proximité était déjà immense avant que le coronavirus ne commence à faire des ravages aux États-Unis. Cette fracture existante a augmenté au cours des deux derniers mois, comme en témoigne la relation inverse entre les chiffres de l’emploi (en particulier pour les personnes à faible revenu) et la richesse de la classe milliardaire américaine», note Forbes.

Et la situation risque fort d’être difficile pour de nombreux Américains dans les prochains mois. Récemment, Bloomberg s’inquiétait du nombre très important de défauts de paiement chez les commerçants américains, incapables de payer leur loyer. J. C. Penney, Neiman Marcus et J. Crew, trois chaînes de grands magasins, se sont placées sous la protection de la loi sur les faillites.

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