Près de 200 comédiens ont donné mardi soir un spectacle surprise dans les rues de Besançon, plusieurs mois après le début de l'épidémie de coronavirus, a constaté une journaliste de l'AFP.
Sur des notes de Vivaldi, porté par quatre silhouettes vêtues de noir et munies de masques de protection sombres, un cercueil s'est avancé doucement au centre de la place de la Révolution, dans le centre de la capitale franc-comtoise, devant des passants intrigués.
Des dizaines d'autres acteurs, également vêtus et masqués de noir, se sont rassemblés autour du cercueil en respectant la distanciation physique, la matérialisant d'un cercle de farine blanche, symbole de l'isolement généré par le confinement.
Acte poétique
Des acteurs brandissant des drapeaux portant les inscriptions «Enterrer les morts» et «Réveiller les vivants» - allusion aux paroles «Enterrer les mots et réparer les vivants» dans la pièce Platonov (1923), du Russe Anton Tchekhov -, ont ensuite couru sur la place, avant une séquence de danse.
«On enterre ce qu'on vient de traverser», explique Stéphanie Ruffier, une enseignante de théâtre qui a participé à la représentation.
Selon elle, ce happening est né de «l'envie» ressentie par des acteurs et des actrices du monde du spectacle vivant, durement touché par les restrictions liées à la pandémie de coronavirus.
Certains voulaient «pleurer leurs morts», d'autres «vivre un rituel du nouveau monde», poursuit la jeune femme, mais tous se sont retrouvés pour «poser un acte poétique» dans l'espace public, a-t-elle estimé.
Une centaine de personnes, visiblement ravies, ont profité de la performance, alors qu'une patrouille de police leur demandait dans le calme d'essayer de respecter les distances de sécurité.