Ce matin, une dizaine de cars, venant de quelque 400 entreprises franciliennes, ont réalisé un manège de protestation autour de l’Arc de Triomphe, sans toutefois «bloquer le trafic et en laissant les Parisiens travailler». Au son des klaxons, les chauffeurs et les propriétaires de bus touristiques affirment être «oubliés» par le gouvernement dans sa gestion de la crise.
«On existe, il faut qu’on pense à nous. On n’a rien du tout. On a demandé une manifestation officielle, […] elle a été refusée», s’indigne Khalid Braija. Ce gérant d’une entreprise de cinq autocars et chauffeur de bus de tourisme lui-même confie à Sputnik sa situation pendant et après le confinement.
«Ça va être un drame humain dans les mois qui viennent, clame Khalid Braija. Je connais des gens, avec qui j’ai parlé, qui pensent au suicide. Si la boîte coule, ils coulent avec. Il va falloir qu’ils affrontent leur vie, leur famille, leurs enfants. Même si ce n’est pas lui qui a provoqué cet échec, le Covid, c’est un échec quand même.»
D’après l’autocariste, «l’activité s’est arrêtée depuis janvier, bien avant le confinement», ce qui a entrainé un «total déficit» de son entreprise, puisque ni les assurances, ni les loyers n’ont étés suspendus.
Les autocaristes franciliens craignent le cabotage étranger
«Le cabotage étranger nuit beaucoup à notre profession. Ils vont venir en masse saboter le transport parisien, puisqu’ils travaillent à moitié prix par rapport à nous et ne payent pas les charges comme nous», explique Khalid Braija.
Les compagnies d’autocars, qui se déclarant être «le moteur du tourisme», s’estiment lésées. Selon elles, bien que faisant partie du «plan Marshall» de 1,3 milliard d’euros d’aide pour le tourisme, ils ne reçoivent aucune aide, contrairement aux restaurateurs ou hôtels.
«On a fait plusieurs appels aux ministères du Tourisme, des Finances, du Transport, on a contacté le cabinet de Macron. Personne ne nous a répondu», souligne le gérant de PME francilienne.
«Les PME sont oubliées. Je sacrifie beaucoup dans ma vie, mes dimanches et ma famille. Quand il faut payer, on est là, mais on demande aussi que l’État soit là quand on a besoin de lui. On demande juste à être soutenus», rappelle Khalid Braija.
Depuis janvier, «la profession est totalement à l’arrêt»
Et le transporteur de voyageurs détaille sa situation dramatique:
«On n’a plus un seul groupe, la profession est totalement à l’arrêt: les sorties scolaires sont interdites, les associations ne sortent plus. Et le gouvernement ne fait rien pour nous aider», s’insurge Khalid Braija.
«Quand on annonce à une collectivité qu’il faudrait deux cars pour 50 personnes, ils refusent, ça coute trop cher, informe l’autocariste. 1.000 euros pour deux cars, c’est impossible pour une association, par exemple.»
«Que l’État arrête le principe du “deux poids, deux mesures”. Qu’il applique les mêmes règles que pour l’avion. C’est pareil. Nous demandons que l’État français se retourne vers nous et nous soutienne», conclut l’autocariste.