Depuis juillet 2014, l’Union européenne impose des sanctions économiques ciblant les échanges avec la Russie dans des secteurs économiques spécifiques. La Russie a répondu par un embargo sur un assortiment de produits agricoles. Pertes économiques dans l’agriculture, rupture de liens commerciaux, frilosités dans les relations diplomatiques… la crise du Covid-19 sera-t-elle l’occasion de revoir le dispositif?
La Coordination rurale espère la levée de barrières
Effectivement, d’après ce producteur de fruits, le marché russe a été important «au niveau de l’Europe» et les producteurs ont été obligés de se réorganiser et repartir en quête d’autres marchés.
«Exporter des fruits et des légumes [en Russie, ndlr], c’est une opportunité pour nous, assure Jean-Louis Ogier. On pourrait exporter des abricots, par exemple. En France, pour notre rayon, ça sera une petite année, mais pour l’Europe, c’est un débouché important.»
Bien que, ces derniers temps, «on n’en a pas trop reparlé», l’agriculteur admet qu’«il serait bien de pouvoir exporter», malgré le fait qu’après six années d’absence, reconquérir le marché russe s’avère être un défi de taille.
«On constate que la Russie a tout fait pour avoir son autonomie. La main-d’œuvre y est moins chère, la production est plus facile. Ce n’est pas comme en France, où on nous interdit tout et où on a des charges excessives», souligne Jean-Louis Ogier.
Aspect géopolitique des restrictions économiques
«[Les sanctions, ndlr] ne mènent à rien, même pas aux solutions en Ukraine qui étaient à l’origine du sujet. Ça n’amène pas non plus à créer un climat de confiance en Europe ni à la sortir de cette guerre froide avec la Russie», rappelle Pierre Lellouche.
D’après l’ancien député, «les sanctions ne changent pas l’attitude de Poutine ni n’améliorent la situation en Ukraine», mais opèrent plutôt des «effets délétères» sur la confiance et des relations économiques avec la Russie, «voisin et partenaire».
La relation USA-Chine s’immisce dans la relation UE-Russie
Néanmoins, pour la levée des sanctions, l’homme politique prône des efforts des deux côtés.
«Il faut espérer un geste de la part de la Russie pour sortir d’une situation où tout le monde est pris en otage par ces sanctions, avec leur renouvellement automatique tous les six mois, et pour lesquelles les politiques ukrainiens n’arrivent pas à trouver de réponses à une nécessaire réorganisation interne», affirme Pierre Lellouche.
«Le problème du XXIe siècle n’est pas la relation avec la Russie, la guerre froide est loin derrière nous, la Russie a sa place dans la grande famille européenne, détaille Pierre Lellouche. J’ai confiance dans le peuple russe pour trouver les solutions de la modernisation du pays.»
L’axe des tensions passe ailleurs: «le problème du XXIe siècle serait la rivalité entre les États-Unis et la Chine», considère M. Lellouche, qui y voit «un problème commun et un même genre de difficultés entre l’Europe et la Russie.»
«Les sanctions contre la Russie devraient être revisitées à l’aune de ce qui est en train de se passer avec la Chine», conclut Pierre Lellouche.