La crise sanitaire actuelle a mis en lumière les failles de l'administration française, indique Franceinfo dans son enquête publiée le 20 mai.
«La bureaucratie, c'est le mal de ce pays. En plus, nos fonctionnaires ne sont pas formés à la gestion de crise», déplore un ex-conseiller ministériel.
«Un dysfonctionnement total»
Ainsi, les cliniques privées n’étaient censées prendre en charge les patients atteints du Covid-19 qu’à partir du 16 mars (et faire des tests sérologiques à partir de mi-avril). Cependant il a fallu attendre encore dix jours pour pouvoir accueillir les premiers patients.
«Cela a été un dysfonctionnement total lié à la soudaineté de l'afflux, mais aussi à l'impréparation», souligne Lamine Gharbi, président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP).
En outre, certaines professions ont dû appliquer leurs efforts pour être intégrées à la lutte contre le coronavirus, d'autres se sont retrouvées en première ligne sans avoir de consignes claires de l'administration centrale.
«Le rapport avec les administrations centrales ou déconcentrées est essentiellement épistolaire, j'ai très peu de contacts directs», assure Agnès Lebrun, maire de Morlaix, dans le Finistère.
Points positifs
Cependant face à l'inertie de l'État, nombreux étaient ceux qui ont pris les choses en main localement, et à tous les échelons.
«C'était de la débrouille organisée. Lorsque toutes les structures associatives ont fermé, on a pris le relais avec nos propres agents pour renforcer l'équipe de livraison alimentaire», confirme Agnès Lebrun.
Une autonomisation a été également observée dans les hôpitaux. En Île-de-France, 35 internes faisaient chaque jour le point sur l'état de tension dans les services, recensaient leurs collègues et leurs compétences pour mieux les répartir dans les hôpitaux.
«On a été obligés de s'autonomiser dans la gestion de la crise en mettant en place des cellules dans les CHU pour gérer les internes», explique Justin Breysse, président de l'Intersyndicale nationale des internes en médecine (Insi).
Un autre principe à appliquer
«Or, en France, c'est le système de la défiance a priori qui prévaut: l'agent doit d'abord obtenir une autorisation pour agir, ce qui fait perdre un temps colossal, et on ne s'occupe pas de savoir après s'il a bien ou mal agi».
Agnès Lebrun estime que le pays est «dans un exercice grandeur nature», qui laisse une alternative: soit de «faire un constat et de changer les choses ou ce sera pire qu'avant» soit «si l'on n'est pas capables de tirer les leçons, ce sera la crise des Gilets jaunes version maire».