Le gouvernement togolais vient d’entamer le test de dépistage au Covid-19 de plus de 1.550 détenus, mettant ainsi fin à une violente émeute dans la prison civile de Lomé, a appris Sputnik de source officielle.
«Tous les détenus seront testés», a déclaré Idrissou Akibou, directeur de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion à Sputnik.
Il a par ailleurs assuré que les prisonniers revenus de l’hôpital après y avoir été testés positifs ont d’ores et déjà été isolés, ainsi que leurs anciens compagnons de cellule.
La révolte s’est déclenchée le 12 mai dernier, quand une vingtaine de détenus, testés positifs au Covid-19, ont été transférés de l’hôpital à la prison, après la fuite de l’un d’entre eux.
Les gardes pénitentiaires ont maté l’émeute, faisant usage notamment de gaz lacrymogène, et occasionnant plusieurs blessés, selon des images parvenues depuis la prison et diffusées par les médias togolais. Un pan de l’établissement pénitentiaire a même été démoli par des détenus survoltés qui réclamaient une grâce exceptionnelle en raison de la crise sanitaire qui prévaut dans le pays. À la mi-mai, le Togo enregistrait 238 cas de Covid-19.
«Le calme est ensuite revenu après une discussion franche. Au-delà des tests qu’on a décidé de faire pour tout le monde, nous leur avons fait comprendre que pour d’éventuelles mesures d’élargissement, les procédures sont en cours et que, dès que possible, le gouvernement prendra les dispositions appropriées», a poursuivi Idrissou Akibou.
Une partie de l’émeute filmée depuis l’intérieur de la prison et diffusée sur la chaîne YouTube de Togovision.
C’est la deuxième fois, depuis le déclenchement de la crise sanitaire, que pareille situation se produit dans la prison civile de Lomé.
Un premier mouvement d’humeur, de moindre envergure, avait eu lieu le 2 avril, quelques heures seulement après l’annonce d’une grâce présidentielle en faveur de 1.048 détenus dans tout le Togo, dont 454 dans cet établissement. Cette mesure visait à désengorger les lieux de détention et éviter ainsi la propagation de Covid-19 en milieu carcéral.
Depuis, les prisonniers qui n’ont pas pu bénéficier de cette disposition n’ont cessé de réclamer leur élargissement à leur tour. Beaucoup exigeaient même une rencontre avec le ministre de la Justice pour lui présenter leurs doléances, «sans intermédiaires».
C’est dans ce climat de tension, entretenu par «des têtes fêlées», selon l’expression d’Akibou, qu’est intervenue l’affaire de la vingtaine de détenus testés positifs et dont le retour en prison, après la fuite de l’un d’entre eux de l’hôpital, a provoqué la deuxième émeute.
«Après le retour au calme [à la suite de la deuxième émeute], nous leur avons expliqué qu’il n’appartenait pas aux détenus d’exiger, dans une République, la présence d’un ministre au sein d’une prison pour discuter avec eux. Mais j’ai fait le compte rendu. Si le ministre est disponible, il viendra les rencontrer. Je leur en ai donné l’assurance», a soutenu M. Akibou.
Le responsable togolais a également assuré que les détenus de droit commun dont l’état de santé nécessite des soins intenses, ainsi que ceux ayant purgé au moins la moitié de leur peine, pourraient bientôt être élargis.
À noter que l’opposant Kodjo Agbéyomé, arrivé deuxième à la dernière présidentielle, a affirmé ce 13 mai dans un tweet que sur la vingtaine de détenus testés positifs, 11 sont ses militants arrêtés à son domicile lors de son interpellation par les services de renseignement mi-avril.
Il a appelé à leur libération. «Cela relève d’un impératif moral et politique», a-t-il assené.