Dans les départements franciliens, notamment en Seine-Saint-Denis, les disparités pré-existantes ont servi de terreau à l'expansion de l'épidémie de coronavirus, engendrant une surmortalité exponentielle, révèle une étude publiée lundi par l'Observatoire régional de santé Ile-de-France.
Conditions de logement défavorables
La partie nord de ce département d'1,6 million d'habitants, le plus pauvre de métropole, est particulièrement touchée, pointe-t-elle.
Mais la surmortalité est également marquée dans les autres départements denses de la métropole du Grand Paris: +101,5% dans les Hauts-de-Seine, +94,1% dans le Val-de-Marne et +92,6% à Paris. La hausse est moins forte en grande couronne, hormis le Val-d'Oise qui se démarque avec une surmortalité d'environ 90,1%, selon les résultats de l'étude.
«Les populations les plus vulnérables socialement sont celles qui habitent dans les grands ensembles collectifs, avec des parties communes fréquentées, plus d'enfants de bas-âge (...) et des surfaces par mètre carré qui sont moins importantes» qu'ailleurs, explique à l'AFP Isabelle Grémy, directrice de l'Observatoire régional de santé (ORS).
Ils se déplacent pour travailler
L'épidémie s'est également répandue avec les nombreux «travailleurs-clés», jusqu'à 12% des actifs dans le 93, selon cette étude. Sans possibilité de télétravailler, ils ont dû continuer leur activité malgré les risques de contamination, en particulier dans les transports en commun.
Enfin, la santé des habitants des quartiers populaires franciliens, plus souvent sujets à l'obésité et au diabète, souligne le handicap avec lequel certains affrontent la crise sanitaire.
«C'est exactement la double peine: ils ont plus de chance de se faire contaminer de par leurs conditions de vie, de par leur travail, et ils ont plus de chance de faire des formes graves» liées au covid-19, insiste Mme Grémy, qui précise toutefois que des différences existent aussi à l'échelle d'une ville ou d'un quartier.