Les enseignants invités à ne pas «entrer en discussion polémique» sur la gestion de la crise sanitaire

Plusieurs documents émanant de l’Éducation Nationale, censés accompagner les enseignants après le déconfinement, ont mis les syndicats en alerte. Ils y voient une interdiction de critiquer l’action des autorités. Certaines fiches soulignant que l’épidémie pourrait entraîner des «dérives sectaires», sont en particulier pointées du doigt.
Sputnik

Les syndicats d’enseignants critiquent la publication de plusieurs documents d’accompagnement, censés permettre d’aborder la question de la crise sanitaire avec les élèves, rapporte France info ce mardi 12 mai. 

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Ces «documents de référence et des recommandations pédagogiques» renferment selon eux des directives empêchant la critique. Dans l’une de ces fiches, intitulée «Écouter et favoriser la parole des élèves», il est possible de lire que «des enfants peuvent tenir des propos manifestement inacceptables». Afin d’y remédier, la fiche précise: «la référence à l'autorité de l'État pour permettre la protection de chaque citoyen doit alors être évoquée, sans entrer en discussion polémique».

Des publications qui ont fait réagir les syndicats d’enseignants.

«Le problème de ces fiches, c'est qu'elles sont de nature très différentes. Et certaines posent problème idéologiquement. On a l'impression que toute forme de critique est interdite», explique à France info, Frédérique Rolet, porte-parole du Snes-FSU, syndicat national des enseignements de second degré.

Crainte de groupes radicaux et de dérives sectaires

D’autres fiches pédagogiques, faisant un lien entre l’épidémie et les risques de «dérives sectaires» ou de «repli communautariste» ont également alerté les syndicats. 

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Dans l’une d’entre elles, il est expliqué que la crise du Covid-19 pourrait «être utilisée par certains pour démontrer l'incapacité des États à protéger la population», et que cette situation pourrait être exploitée «par divers groupes radicaux […] dans le but de troubler l’ordre public».

Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, dénonce sur France info un «amalgame» qui laisse entendre que «le communautarisme et la façon de comprendre cette crise sanitaire ont un rapport».

«On nous demande de ne pas remettre en cause la gestion de la crise. On nous dit : “Vous êtes là pour rappeler que l'État a fait son travail”», affirme-t-elle à la radio d’information.

Contacté par France info, le ministère de l’Éducation Nationale rappelle que ces fiches ont été réalisées à partir «des remontées des académies, de réunions avec des associations», mais qu’elles n’ont pas un caractère contraignant.

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