Enthousiaste et plein de vie, Ayissi Nga, 36 ans, s’est frayé un chemin dans l’univers de la mode. Ce Franco-Camerounais installé à Paris a lancé en 2005 Wazal, une marque de vêtements symbole d’une Afrique culturelle riche et diversifiée.
Le nom de ce label street-chic, nourri aux essences du continent et du monde, a été en partie inspiré d’un célèbre site touristique camerounais: le parc de Waza, situé à l’Extrême-Nord du pays, près du lac Tchad. Naguère un havre de paix, abritant une faune exceptionnelle, ce parc national du Cameroun a été profané ces dernières années par les attaques des terroristes de Boko Haram.
«Cette réserve de biosphère inspire la paix et le repos, le respect et surtout une grande force naturelle. Pour obtenir la dénomination "Wazal", j’ai ajouté la lettre "L", tirée du mot "lion" car le lion symbolise la puissance et mes origines camerounaises», relate Ayissi Nga à Sputnik.
Le label Wazal, poursuit le promoteur, s’inscrit dans un univers de recherche permanente de matière, de style et de créativité alliant des couleurs comme le noir, l’orange, le bleu, l’écru et divers imprimés. «J’y ajoute des touches de matières telles que le coton pur, le molleton, le jean, le wax, le milano, le cuir ainsi que de la fourrure synthétique sous divers motifs», décrit-il.
Depuis sa création, la marque Wazal a fait son chemin, bousculant les codes de la mode à travers ses multiples collections : Braguette Tété, Africafutur, Wazal Rock (2013), Ova Tété et Wazal (2016-2017), Kaliflagilistik (2018-2019). Une diversité de modèles qui s’inspire, selon le créateur, des univers composites entre l’Afrique, l’Europe et l’Amérique.
«Ma première source d’inspiration est l’Afrique, un continent qui dégage un potentiel peu connu. Ma deuxième source est le monde, notamment des villes comme Paris, New York ou encore Milan qui célèbrent chaque année les Fashion Weeks où les créateurs peuvent faire découvrir leurs dernières inspirations», précise le créateur.
Innovante et décontractée, Wazal a gagné la sympathie des stars des milieux du football et de la musique, à l’instar du célèbre chanteur français d’origine congolaise Singuila, de la star de la musique française Matt Pokora, du géant de la pop britannique Wayne Beckford ou du footballeur ivoirien Romaric Koffi.
La marque s’invite désormais dans les grands événements, décrochant au passage des nominations aux compétitions de mode. Déjà, en 2013, l’artiste était reçu à l’ambassade du Cameroun à Paris pour une exposition à l’occasion de la fête de la jeunesse. La même année, il a présenté ses collections à la Fashion Night de l’Élysée Lounge.
«J’ai également été nominé aux Beffta Awards (Black Entertainment Film Fashion Television and Arts), à la Paris Fashion Week en 2016 et à l’International Achieves Awards en 2018 à Londres. Des événements qui m’ont permis de franchir des étapes importantes dans ma carrière», se félicite-t-il.
La couture, un héritage de père en fils
Né au début des années 1980 à Yaoundé d’un père couturier, Ayissi Nga –connu aussi sous le pseudonyme «JJ du style »– passe son enfance dans l’atelier familial. C’est ainsi qu’il apprend les bases du métier qui le conduira ensuite en France début 2000. Il s’inscrit ensuite l’école de mode de Vanessa Ruiz à Paris en 2005, où il se perfectionne en stylisme, modélisme, prototypage et moulage. C’est également dans ce temple de la mode qu’il affine son talent de dessinateur. De son passage dans cet établissement, il en garde encore de beaux souvenirs.
«J’y ai peaufiné mon art et grâce à ces formations, j’ai pu lancer mes premières productions en 2005. Aujourd’hui, je compte quatre collections pour dix prototypages», se réjouit le créateur.
La passion pour la bande dessinée
En plus de la mode, Ayissi Nga est un aficionado du dessin.Il travaille depuis plusieurs années sur une bande dessinée intitulée «La légende du Wazal», un conte qui a pour cadre l’Afrique et qui, «au-delà du divertissement, exalte les richesses culturelles, les us et les coutumes du bassin du lac Tchad dont fait partie le Cameroun».
«À travers cette bande dessinée, je raconte ma culture, ma source d’inspiration, mon don, ma passion pour la mode héritée de mon défunt père, l’un des pionniers de la couture au Cameroun. Ma source d’inspiration, c’est l’Afrique entière», explique-t-il enthousiaste.
Le jeune créateur compte également en faire un film d’animation pour permettre un accès plus large auprès du grand public.
«Nous allons créer une usine dédiée à nos créations au Cameroun dans les prochaines années. Pour cela, il nous faut un fonds de démarrage de 50.000 euros. Nous recruterons trente salariés locaux dès que l’usine sera sortie de terre», projette-t-il.
Entouré de ses collaborateurs, Ayissi Nga travaille à se faire une place de choix dans l’univers de la mode. Le jeune entrepreneur s’inspire des valeurs culturelles du continent pour créer des richesses et mettre en avant cette autre Afrique qui se distingue par son authenticité dans la course à la mondialisation. La mode et la bande dessinée sont pour lui un prétexte pour exposer aux yeux du monde le meilleur de son continent.