Pierre fait partie du «personnel soignant en première ligne»: il est infirmier depuis deux ans au service de suppléance de l’hôpital Lariboisière, à Paris. Chargé de venir en renfort dans les services en manque de personnel (en dehors de la réanimation), il a une vision transversale unique de cet établissement public. Guéri du Covid-19, le jeune homme s’apprête à reprendre le travail et partage avec Sputnik, à visage découvert malgré les risques encourus, sa vision des choses.
Cette crise suit «une longue crise due aux réductions budgétaires»
Le jeune infirmier ne cache pas que dans les services d’urgence, le personnel a du mal à avoir des vacances et que l’«on demande toujours aux personnels de faire des heures supplémentaires». Ses aveux ne font que confirmer que l’hôpital public est en difficulté et en tension depuis des années, tous comme les services de gériatrie et les Ehpad.
«Malheureusement, on a l’habitude des difficultés,» souligne l’infirmier.
«On se retrouve avec un hôpital public qui est déjà en difficulté au moment où arrive une difficulté majeure», martèle le jeune infirmier.
Néanmoins, Pierre, qui voit «la relation humaine comme la base du métier», ne quitte le «front», pour reprendre la métaphore martiale d’Emmanuel Macron, que parce qu’il se retrouve lui-même contaminé par le coronavirus.
«Après la crise, on espère être encouragés pour des combats équitables»
«Personnellement, je n’ai pas eu de problème avec le matériel de protection dans les différents services où je suis passé. Il a été donné au compte-gouttes, mais donné quand même», assure Pierre.
Malgré toutes les précautions, certains soignants n’ont pas échappé à la contamination, que ce soit «dans le milieu hospitalier, quand on n’a pas de temps de se préparer face à une intervention d’urgence» ou en dehors du cadre du travail. Sans savoir précisément à quel moment il a été contaminé, Pierre, après être passé par «une grosse fatigue et une perte de l’odorat» reprendra le travail bientôt.
«On aurait bien voulu être applaudi quand on a manifesté il y a six mois, un an, sourit Pierre. On est content de faire ce travail pour lequel on a été formés, mais la population devrait se rendre compte que l’on est beaucoup plus importants que certaines choses de la société actuelle.»