Des ordonnances suspectes aux médecins eux-mêmes pour de la chloroquine repérées en Bretagne

Une enquête a été ouverte après le signalement d’ordonnances suspectes de médecins se prescrivant éventuellement de la chloroquine pour eux-mêmes en Bretagne.
Sputnik

Un pharmacien des Côtes-d'Armor ayant requis l'anonymat a déclaré que trois médecins, dont deux qu'il connaît bien, étaient venus dans son établissement pour lui présenter une auto-prescription pour de la chloroquine. Le médicament commercialisé le plus souvent sous l’appellation de Plaquenil est connu notamment pour lutter contre le paludisme, l'arthrite ou le lupus.

«C'est un sujet sensible parce que ça touche aux relations médecins – pharmaciens», a-t-il déclaré cité par France Info.

Dans l’un des trois cas, l'ordonnance ne présentait pas de numéro d'identification valable, tandis que le motif de la demande était flou.

«Ce médecin a expliqué qu'il souhaitait fournir le médicament pour une amie qui en avait besoin. J'ai contacté cette personne. Elle a refusé de me donner le nom de son médecin traitant ou le contact de sa pharmacie habituelle en région parisienne. Ce n'était pas cohérent si elle avait vraiment besoin de ce traitement», a-t-il indiqué.

Toujours selon France Info, ce pharmacien estime qu’il n’y a rien d’«exceptionnel dans cette situation», souligne que la légalité des ordonnances et la posologie sont toujours vérifiées et ne reproche rien aux médecins.

«Je pense que c'est humain, nous nous trouvons dans un climat compliqué. Les médecins sont en contact avec les malades et se disent que s'ils ont ce produit, ils seront protégés», a-t-il ajouté.

Entretemps, Jean-François Batalla, président de l'Ordre des Pharmaciens pour la région Bretagne, a déclaré que la chloroquine était avant en accès libre, mais que depuis deux mois elle nécessitait une ordonnance. C’est depuis le 13 janvier 2020 que, selon un arrêté, la chloroquine est classée parmi les substances vénéneuses. Un autre décret datant du 26 mars encadre son usage et en interdit l'exportation.

Plusieurs cas dans le Finistère

Des pharmaciens du Finistère ont également fait état de plusieurs auto-prescriptions.

Un homme en réanimation après s’être auto-administré de la chloroquine
Le colonel de gendarmerie Nicolas Duvinage, commandant du groupement de gendarmerie départementale du Finistère, a déclaré pour sa part qu’une enquête avait été ouverte pour ces ordonnances suspectes.

Les débats

Le traitement à base d’hydroxychloroquine et azithromycine est devenu le fer de lance dans le traitement du Covid-19 pour le docteur Didier Raoult, spécialiste des maladies infectieuses à Marseille. Toutefois, son point de vue n’est pas partagé par tous les médecins.

Le professeur a reçu le 9 avril la visite du Président de la République qui s’est rendu à Marseille spécialement pour rencontrer Didier Raoult. Ce dernier lui a fait part des résultats de sa récente étude sur le traitement administrés à 1.061 patients. La combinaison de ces substances présente «un traitement sûr et efficace pour le Covid-19», a affirmé Didier Raoult, déclarant que la guérison virologique a présenté un taux de 91,7%.

Mais Damien Barraud, médecin réanimateur en unité Covid-19 au CHR de Metz-Thionville, s’est vivement élevé contre cette prescription, affirmant que la communication du professeur Raoult gênait le travail des médecins dans la situation actuelle et qu’il fallait attendre des preuves.

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