L’Union européenne survivra-t-elle à l’épidémie de coronavirus? Alors que la panique débutait, la notion de gouvernance européenne en a été l’une des toutes premières victimes. L’Europe n’a pas fourni des masques ou des tests, produit des respirateurs artificiels ou même adopté une stratégie réfléchie pour tous les pays de l’union.
Devant de telles contradictions, à quoi donc ressemble l’avenir pour l’Europe et l’UE? Sébastien Cochard, ancien diplomate, notamment en poste en Italie et aux États-Unis, réagit au bilan de l’UE face à la crise sanitaire:
«L’Union européenne a été absolument incapable de gérer cette crise sanitaire. Quelle que soit la crise, son origine, sa nature, de toute façon, il n’y a pas d’autre niveau d’action pertinent que le niveau national. Qu’on arrête de me raconter que l’Union européenne est capable de faire quoi que ce soit. La seule chose qu’elle puisse faire, c’est de suspendre ses propres règles qui entravent le bon fonctionnement du marché... L’euro est une sorte d’instrument soviétique.»
Conseiller de députés au Parlement européen sur les affaires économiques et les relations internationales, Sébastien Cochard commente l’idée des Eurobonds ou « Coronabonds» pour mutualiser les dettes nationales des pays membres de l’UE face à la crise:
«Les Eurobonds n’ont aucune utilité dans la crise actuelle. Les personnes qui poussent les Eurobonds se servent de la crise actuelle pour pousser un agenda d’intégration européenne supplémentaire.»
Cochard a son idée sur le rôle que pourrait jouer l’UE dans cette affaire:
«La crise économique engendrée par la lutte contre le virus oblige à complètement mettre à la poubelle tous les principes de l’union monétaire qui sont décrits par le Traité de Maastricht, c’est à dire l’interdiction pour la Banque centrale de financer les États.
La seule manière de réagir face à la crise économique actuelle, c’est de faire en sorte que les États européens puissent émettre massivement des titres obligataires pour protéger leurs populations du chômage et des banqueroutes de sociétés et pour que l’économie puisse redémarrer tout de suite.»
L’ancien diplomate en poste en Italie souligne la réaction italienne face à l’impuissance européenne:
«C’est pire qu’une absence de réaction. Ce n’est même pas une neutralité impassible. Ils ont le sentiment d’avoir été enfoncés par des pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas. Les premiers secours médicaux sont venus avec l’armée russe. C’est quand même extraordinaire. Donc les Italiens actuellement sont dans une phase de séparatisme.»