Retrait de Bernie Sanders de la présidentielle: «le Covid-19 bouscule totalement le jeu»

Le socialiste Bernie Sanders a annoncé qu’il se retirait de la campagne présidentielle américaine, bousculée par le Covid-19. Quel impact ce retrait aura-t-il sur l’élection? Que se passerait-il si elle n’avait pas lieu? Sputnik fait le point avec Jean-Éric Branaa, spécialiste des États-Unis, sur une Présidentielle pas comme les autres.
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«En toute conscience, je ne peux poursuivre une campagne que je ne pourrais gagner et qui pourrait entraver le travail important que chacun d’entre nous doit accomplir en ces temps difficiles», a justifié le sénateur du Vermont, Bernie Sanders, dans une vidéo parue ce 8 avril. 

En pleine tourmente du Covid-19, le candidat socialiste Bernie Sanders a fait une croix sur la présidentielle de 2020 aux États-Unis. Le sénateur, qui se vante d’avoir «gagné la bataille idéologique», se retire de ce qui sera très certainement sa dernière campagne présidentielle, du fait de son âge très avancé (78 ans) et de sa condition physique.

​Un désistement qui laisse donc Joe Biden, le candidat Démocrate, seul face à Donald Trump. Néanmoins, compte tenu de la crise sanitaire, rien ne garanti que ce scrutin ait le lieu le 3 novembre 2020, du fait du manque de visibilité sur la fin de l’épidémie de Covid-19.

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Ces temps troubles soulèvent donc de nombreuses interrogations sur l’avenir politique des États-Unis. Pour y répondre, Sputnik a tendu son micro à Jean-Éric Branaa, maître de conférences à l’université Panthéon Assas et chercheur au centre Thucydide et à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), spécialiste des questions relatives à la société et la politique américaine et auteur du livre Rien ne sera plus comme avant: l’Amérique au temps du coronavirus, paru ce 8 avril aux éditions VA.

Un entretien à retrouver sur notre chaîne YouTube

Selon lui, «Le vrai enjeu démocratique est le report des élections», car si le virus continue de faire des ravages aux États-Unis jusqu’en novembre, il sera impossible de maintenir une élection présidentielle à l’échelle nationale. Dans ce cas de figure, Donald Trump peut-il reporter unilatéralement l’élection?

«La réponse est très claire dans la Constitution: non il ne le peut pas, puisqu’il y a une séparation des pouvoirs entre le Législatif et l’Exécutif, et seul le Congrès à ce pouvoir. Il y a une deuxième limite, et c’est inscrit dans la Constitution: le mandat de Donald Trump s’arrête le 20 janvier à midi, qu’il y ait eu des élections ou pas», explique Jean-Éric Branaa.

Que se passerait-il alors? Si le scrutin ne pouvait se tenir, «c’est le leader de la Chambre des représentants qui deviendra Président par intérim, en attendant qu’il puisse y avoir des élections». Mais nous n’en sommes pas encore là et l’élection est, à ce stade, maintenue.

Bernie Sanders, pas rancunier, à la rescousse du parti Démocrate

En se retirant à la surprise générale, le candidat du Vermont a tendu une perche au parti Démocrate, qui n’a pourtant jamais été tendre avec lui. Malmené depuis le «Super Tuesday», Bernie Sanders a décidé de sacrifier sa candidature pour offrir son soutien à Joe Biden et ouvrir un boulevard électoral à l’ancien acolyte de Barack Obama. En effet, «Joe Biden n’a pas atteint symboliquement les 1.991 délégués qui étaient requis pour gagner la primaire», et ça aurait pu lui coûter cher face à Donald Trump.

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«Le retrait de Bernie Sanders est un point important, parce qu’il redonne une légitimité que Joe Biden n’avait pas si jamais il restait dans la course, parce que le doute aurait toujours été là: est-ce que Bernie Sanders n’aurait pas gagné dans des conditions normales?», souligne le spécialiste.

Plutôt mal en point dans les sondages face au Président sortant, Joe Biden a maintenant tous les voyants au vert, notamment grâce (ou à cause) du Covid-19 et de sa gestion par Donald Trump. Selon Jean-Eric Branaa, «Il faudra voir en fin de crise comment elle a été gérée», mais surtout «la manière dont les Américains vont ressentir comment elle a été gérée», cela changera tout pour l’élection de novembre. Pour le spécialiste des États-Unis, Donald Trump a eu une

«Gestion de la crise catastrophique. Il est averti par ses services de renseignement le 3 janvier et il ne fait rien pendant 70 jours. À ce niveau-là, il devra certainement rendre des comptes.»
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