Tout est parti d’une idée émise le 19 mars dernier par Fognon Maïmouna Koné. Dans un tweet, la jeune entrepreneure, bien connue sur les réseaux sociaux en Côte d’Ivoire, a invité les autorités à mettre à contribution l’expertise des professionnels de l’industrie du drone, pour «chasser» le Covid-19 du pays.
Son appel a eu un écho favorable et très vite, une première rencontre a eu lieu le 27 mars avec le préfet d’Abidjan. Suivie d’autres avec des maires de la ville.
Une collaboration unanimement saluée
Appelés à contribuer à l’effort de guerre contre le coronavirus, Côte d’Ivoire Drone, WeFly Agri et Investiv, les leaders du secteur des drones –et concurrents– n’ont pas hésité à collaborer pour développer et proposer gracieusement des solutions aux autorités d’Abidjan.
Pour éviter tout conflit d’intérêts, les trois sociétés ont décidé de créer une fondation baptisée «Saved By Tech», dont l'équipe a mis au point trois prototypes de drone, avec chacun une mission spécifique.
Le deuxième, avec sa caméra thermique embarquée, est capable de faire des prises de température aériennes en temps réel.
Quant au dernier, il peut transporter une vingtaine de litres de solution liquide pour pulvériser et désinfecter en une journée une zone de plus de sept hectares.
Le laboratoire de Côte d’Ivoire Drone (qui est la seule entreprise du marché ivoirien à maîtriser toute la chaîne de l’industrie du drone, depuis la fabrication sur mesure à la commercialisation, en passant par la réparation et la formation de télépilotes professionnels civils et militaires, ndlr), où ont été conçus les deux premiers prototypes, a une capacité moyenne de production de dix drones par jour.
«Chez Côte d’Ivoire Drone, on s’était déjà spontanément mis à développer un certain nombre d’initiatives comme un portail web où serait disponible une carte interactive qui retracerait en temps réel les cas de contamination et établirait une comparaison avec les autres pays d’Afrique, ainsi qu’une web TV. L’appel de Maïmouna fut donc le bienvenu. Surtout que cela ne nous dérangeait pas, pour une fois, de mettre de côté la concurrence et œuvrer ensemble dans l’intérêt général», a déclaré au micro de Sputnik Marouane Jebbar, le PDG de l’entreprise.
Sur les réseaux sociaux, les internautes ivoiriens, dans l’ensemble, se félicitent et se réjouissent de l’usage prochain de ces drones et robots contre le coronavirus qui cristallise toutes les inquiétudes. Certains proposent même volontiers leur aide à la fondation.
Des solutions technologiques dont l’opérationnalisation nécessite des fonds
L’utilité manifeste des prototypes de drones et robots développés par Save By Tech pour lutter contre le Covid-19 à Abidjan –qui compte au 6 avril plus de 90% des 323 malades confirmés en Côte d’Ivoire– ne fait aucun doute.
Mais la fabrication de ces engins à une échelle suffisante en vue d’une efficacité optimale nécessite une volonté ferme des autorités ivoiriennes et surtout la mise à disposition de moyens financiers le plus tôt possible, vu l’urgence. Ce qui n’est pas encore le cas.
«Nous avons enchaîné des réunions certes fructueuses avec les autorités, mais pour l’heure, rien de vraiment concret n’en est encore ressorti. En même temps, nous comprenons qu’avec la crise sanitaire, elles ont beaucoup de choses à gérer à la fois, et qu’il y a une certaine procédure à suivre», a déclaré Marouane Jebbar, vice-président et directeur technique de Saved By Tech.
De son côté, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), qui suit avec grande attention les actions de la fondation Saved By Tech, est disposé à financer le projet.
«On a été contacté par le PNUD qui est désireux de financer dans l’immédiat notre projet pour ensuite mettre à la disposition de l’État ivoirien les solutions que nous avons développées», a-t-il confié à Sputnik .