Daniel Cohn-Bendit affirme qu’il a «supplié» Macron de reporter les municipales

L’ancien député européen Daniel Cohn-Bendit s’est exprimé dans Le Point sur la gestion de la pandémie par la France et a expliqué pourquoi l’Allemagne s’en sort mieux. Il a notamment affirmé avoir «supplié Macron de suspendre les municipales».
Sputnik

Le secret de l’Allemagne, dans sa gestion du Covid-19, réside dans la décentralisation, a affirmé l’écologiste et ex-député européen franco-allemand Daniel Cohn-Bendit au magazine Le Point. Dans un entretien publié lundi 6 avril, il a comparé la gestion de la crise sanitaire en France avec celle outre-Rhin.

«Pour moi, ce qui fait une différence fondamentale, c'est que dans l'Allemagne fédérale, les Lander ont leur propre autonomie politicienne et budgétaire. Il y a huit lits pour mille habitants en Allemagne contre trois en France alors qu'il n'y a pas une grande différence de dépenses», a-t-il expliqué.

De fait, l’Allemagne compte «seulement» 1.400 morts, là où la France en dénombre plus de 8.000, et la situation est encore pire en Italie et en Espagne. Pour l’homme politique, certains événements ont participé à l’explosion du nombre de cas, comme le match Atalanta-Bergame dans le stade de San Siro à Milan ou la manifestation féministe du 8 mars en Espagne, plusieurs ministres y ayant attrapé le virus.

Le maintien des municipales

En France, le premier tour des municipales s’est tenu malgré tout. «J'ai supplié Macron de les suspendre jusqu'au bout», a-t-il assuré, «si vous dites à une société de voter et de se confiner en même temps, c'est contradictoire». Reconnaissant l’erreur du Président, il a tout de même affirmé que ce dernier avait été poussé dans la mauvaise direction par Édouard Philippe et son directeur de cabinet, Benoît Ribadeau-Dumas.

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Selon lui, l’opposition est également en cause, à savoir Olivier Faure, Jean-Luc Mélenchon ou encore Marine Le Pen, lesquels ont fait pression pour maintenir le scrutin avant de s’indigner lorsque cela a été le cas. En Allemagne, «les partis d’opposition sont associés à la gestion de la crise. Donc ils sont coresponsables des décisions prises par le gouvernement», a-t-il expliqué.

La non-solidarité de l’Union européenne

Pour Daniel Cohn-Bendit, si l’Allemagne a très bien géré la crise sanitaire sur son propre territoire, elle n’a pas été capable d’aider les autres pays de l’UE. Les Allemands se sont en effet opposés aux «coronabonds», à savoir la mutualisation de certaines dettes en raison des conséquences économiques de la pandémie.

Un tel mécanisme permettrait de financer la reprise après la crise économique et sanitaire, mais sous-entend que l’Allemagne devra assumer la dette de pays comme l’Espagne et l’Italie, qui ont une gestion financière moins rigoureuse.

«Ce que Merkel n'arrive pas à comprendre, c'est que ce n'est pas par nécessité morale de solidarité qu'il faut aider les pays d'Europe, mais parce que c'est l'intérêt de l'Allemagne que l'Europe fonctionne», a conclu l’ancien député.

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