Le professeur Didier Raoult, désormais bien connu pour avoir présenté la chloroquine comme un potentiel traitement au Covid-19, avait mis en garde le gouvernement il y a déjà 17 ans. En effet, en 2003, il avait remis un rapport de 372 pages consacré au «risque d’apparition de mutants de virus respiratoires, en particulier de la grippe». Il y soulignait d’ailleurs que «notre préparation face à ces événements chaotiques est faible», a rapporté Le Parisien.
«Le risque épidémique par les maladies transmises par voie respiratoire est extrêmement important, du fait de la densification de la population humaine», avait-il écrit, soulignant que ce sont des «événements rares, chaotiques mais qui peuvent avoir des conséquences extrêmement rapides et extrêmement dangereuses».
Il avait par ailleurs prévenu que les «pays riches» ne devraient pas s’estimer à l’abri de tels virus, même avec un système de santé mieux développé. «L’espèce humaine est unique, les micro-organismes se déplacent et toute émergence d'un nouveau pathogène dans n'importe quel pays du monde lui permettra une rapide extension sans qu'aucun contrôle ne soit réalisable aux frontières», avait-il alerté.
Ainsi, le docteur Raoult souhaitait remédier au manque de préparation du gouvernement en créant des «infectiopôles» dans les plus grandes villes de France. Ceux-ci auraient eu pour but de surveiller les maladies infectieuses et de mieux s’y préparer, un paramètre où la France était déjà à la traîne en 2003, et encore aujourd’hui, comme l’a démontré la pandémie du Covid-19.
Un rapport ignoré par le gouvernement
Le ministre de la Santé de l’époque, Jean-François Mattei, regrette sans doute aujourd’hui que l’avertissement du professeur Raoult soit tombé dans l’oubli. «C'est tombé en plein cœur de la canicule de 2003, ce qui a bloqué certaines décisions sanitaires. Il est clair que le rapport de Didier Raoult est passé au second plan», a-t-il admis auprès du quotidien francilien.
«À l'époque, j'ai prêché dans le désert et eu la désagréable impression que l'on me prenait pour un imbécile, mais j'ai finalement réussi à bâtir à Marseille l'infectiopôle que je conseillais de faire», s’est rappelé Didier Raoult, interrogé par Le Parisien. Depuis le 23 mars, les patients affluent devant l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infections afin de recevoir un traitement à base de chloroquine ou de se faire dépister gratuitement.