«Il n’y a aucune raison que des marins meurent»: le Pentagone refuse d’évacuer un porte-avions envahi par le Covid-19

Le commandant d'un porte-avions américain confronté à une contamination galopante du coronavirus s'est heurté mardi au refus du Pentagone lorsqu'il a demandé l'autorisation d'évacuer son équipage dans une lettre aux accents dramatiques, relate l'AFP.
Sputnik

«Je ne pense pas que nous en soyons arrivés à ce stade», a déclaré le secrétaire américain à la Défense Mark Esper, questionné sur la chaîne CBS au sujet d'une possible évacuation du porte-avions, qui est actuellement à quai à Guam, dans le Pacifique.

«Un risque nécessaire»

Dans sa lettre de quatre pages adressée au commandement de l'US Navy, le capitaine de vaisseau Brett Crozier, commandant de l'USS Theodore Roosevelt, reconnaît que «retirer la majorité de l'équipage d'un porte-avions nucléaire américain en cours de déploiement et l'isoler pendant deux semaines peut paraître une mesure extraordinaire». Mais «c'est un risque nécessaire», ajoute-t-il.

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Le chef du Pentagone ne semble pas de cet avis. «Nous envoyons beaucoup de matériel et d'assistance au porte-avions à Guam», a-t-il déclaré. «Nous envoyons des renforts en personnel médical et je suis heureux d'annoncer qu'aucun d'entre eux n'est gravement malade».

Dans sa lettre publiée par le San Francisco Chronicle, le commandant Crozier explique qu'après la découverte de trois premiers cas de Covid-19 à bord la semaine dernière et la mise à quai du porte-avions à Guam, le virus a continué de se propager et une centaine de marins sont désormais positifs.

Citant «l'espace limité inhérent» à un navire de guerre transportant plus de 4.000 membres d'équipage, le commandant souligne que «la propagation de la maladie se poursuit et s'accélère».

«Nous ne sommes pas en guerre. Il n'y a aucune raison que des marins meurent», ajoute le commandant du Theodore Roosevelt.

Pour le Pentagone, être préparé à tout conflit possible est plus important

M.Esper est resté ferme sur la nécessité de rester préparé à tout conflit possible, même en période de pandémie.

«Je vais m'appuyer sur le commandement de la Navy qui va [...] s'assurer qu'il fournit au commandant et à l'équipage tout le soutien dont ils ont besoin pour assurer le rétablissement des marins et faire repartir le navire», a-t-il dit.

Questionné mardi sur CNN, le secrétaire à la Navy, Thomas Modly, a admis que la base américaine sur l'île de Guam ne disposait «pas de suffisamment de lits à l'heure actuelle» pour héberger tous les marins du porte-avions.

«Nous discutons avec les autorités locales pour voir s'il y a des chambres d'hôtel disponibles», a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de continuer à assurer la sécurité du bâtiment lui-même et des avions qu'il transporte.

La dernière escale du Theodore Roosevelt remonte au 4 mars. Le porte-avions avait effectué une visite hautement symbolique dans le port de Danang, au Vietnam, alors que l'épidémie de Covid-19 s'était déjà largement propagée en Asie.

Le Pentagone avait alors défendu cette visite, destinée à contrer l'influence géostratégique de la Chine dans la région, affirmant qu'il n'y avait encore que très peu de cas dans le pays.

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