«Secret Défense»: la base aérienne 110, un cluster du coronavirus que la France tente de couvrir?

Un agent civil de la base aérienne de Creil, où le premier rapatriement des Français de Wuhan a eu lieu, est hospitalisé depuis mi-février, atteint du Covid-19. Cherchant à savoir comment il a pu l’attraper, sa femme se heurte au silence de la grande muette, explique-t-elle au Parisien.
Sputnik

Depuis plus d’un mois, Nathalie tente de comprendre comment son mari, contrôleur de prestation à la base aérienne 110 de Creil (Oise), a pu contracter le coronavirus. Il se trouve dans un état critique depuis mi-février, et n’a été dépisté que 10 jours plus tard. Sa femme a exprimé sa colère auprès du Parisien et estime que le gouvernement est responsable du sort de son mari.

L’homme de 55 ans n’avait pas voyagé en Chine, mais avait été en contact avec le mari d’une hôtesse de l’avion qui a rapatrié les premiers Français de Wuhan, le 31 janvier.

«Il travaillait avec lui à la base. Je ne vois pas comment il peut en être autrement. Sauf que lorsque je demande des explications à la base, on me répond "secret Défense"», a témoigné Nathalie auprès du quotidien.

Elle affirme que son mari est tombé malade en côtoyant des collègues qui étaient atteints par le coronavirus sans le savoir. Malheureusement, ni le gouvernement, ni «les responsables de la base ne reconnaîtront jamais» que son époux a attrapé la maladie sur le site, a-t-elle déploré, «cela voudrait dire qu’ils n’ont pas fait ce qu’il fallait».

Il n’a été testé qu’au bout de 10 jours

Outre le silence des autorités, cette aide-soignante dénonce la façon dont son mari a été traité. Il a montré les premiers symptômes le 13 février. Son état s’est aggravé trois jours plus tard, alors qu’il éprouvait des difficultés à respirer. Ni l’ambulancier qui l’a transporté, ni les infirmières qui l’ont soigné à l’hôpital de Compiègne ne portaient de protection.

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Il n’a d’ailleurs pas été testé, la consigne était de le faire uniquement sur les personnes revenant de Chine. Une semaine plus tard, son état s’est encore dégradé et il a été placé en réanimation. Le samedi 22 février, il a été transporté au CHU d’Amiens, qui a finalement décidé de le tester le lundi suivant, le 24 février. Le résultat positif est tombé le lendemain.

Après un mois et demi d’hospitalisation, il est désormais négatif au Covid-19, mais se trouve toujours dans un état critique. «Il est sorti du coma artificiel ce mercredi, après quatre semaines. Le virus lui a bouffé tous les poumons. Nous allons le voir trois fois par semaine, pendant une heure. On vit jour après jour», a conclu Nathalie.

La réponse du ministère des Armées

Le «personnel en cabine» était équipé «de masques FFP2, de gants, de surblouses et de lunettes», a répondu le ministère des Armées, toujours cité par Le Parisien. Il affirme que ceux qui ont participé à cette mission «ont rejoint leur domicile sans passer par la base de Creil et ont bénéficié du protocole de surveillance durant 14 jours». Quant aux proches de ces agents, «ils n’ont pas été soumis aux mêmes suivis», a-t-il admis.

Les cas se sont néanmoins multipliés au sein de la base aérienne, dont trois militaires et plusieurs aviateurs. L’administration de l’armée défend qu’aucune personne ayant participé à la mission n’a développé de symptômes. Ainsi, la version de Nathalie selon laquelle la transmission s’est faite via un porteur sain reste plausible.

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