Le professeur Raoult a remercié Olivier Véran, ministre de la Santé, «pour son écoute», après que ce dernier ait autorisé l’utilisation de la chloroquine dans le traitement du Covid-19. Le gouvernement, critiqué de toutes parts pour sa gestion de l’épidémie, pouvait-il attendre plus longtemps avant de lui donner raison? Infatigable promoteur d’un protocole de soin à base de chloroquine dans le traitement du coronavirus depuis un essai concluant sur 24 personnes, le 16 mars, Didier Raoult se voyait freiné dans sa volonté de généraliser ce traitement à cause de la légèreté de son protocole de test.
Si de nombreux pays ont rapidement adopté la chloroquine, en France elle a donc divisé le pays entre ceux qui voulaient son déploiement immédiat et ceux qui appelaient à la prudence et à des essais cliniques de plus grande ampleur. Le gouvernement a finalement quitté le camp des «prudents». Dans un décret du 26 mars, il a donné son aval à l’emploi de chloroquine dans le traitement du SARS-COV-2: l’«hydroxychloroquine et l’association lopinavir/ritonavir peuvent être prescrits, dispensés et administrés sous la responsabilité d’un médecin aux patients atteints par le Covid-19, dans les établissements de santé qui les prennent en charge, ainsi que pour la poursuite de leur traitement si leur état le permet et sur autorisation du prescripteur initial, à domicile.».
«Il vaut mieux traiter les gens un peu plus tôt parce que les sujets âgés qui rentrent avec des insuffisances respiratoires sont très difficiles à rattraper. Et ce qu’on commence à voir, c’est qu’ils ont peu ou plus de virus au moment où ils arrivent à ce stade-là. C’est entièrement la réaction d’inflammation de lutte contre le virus, il y a des lésions et une difficulté à rattraper ça», déclare Didier Raoult, dans un communiqué de l’IHU de Marseille.
Se basant sur les travaux de médecins chinois, l’équipe de Didier Raoult à l’Institut Hospitalo-Universitaire de Marseille a permis de reconnaître l’hydroxychloroquine, commercialisée sous le nom de Plaquénil, comme élément central d’un protocole de soin efficace contre le coronavirus. Cependant, cet essai sur seulement 24 personnes ne respectait pas les normes scientifiques des essais cliniques. De plus, le corps médical alertait sur les effets secondaires du Plaquénil, notamment d’un point de vue cardiovasculaire.
«La division va créer des morts. Nous sommes le seul pays dans le monde dans lequel il y a un tel chaos et une telle discussion sur ce traitement. On dispose d’un essai clinique français et tout le monde respecte ce collègue, cet essai montre des résultats, mais il est ininterprétable et truffé de problèmes. Dans n’importe quelle autre circonstance, il n’aurait été accepté nulle part», s’insurgeait ainsi le Pr Gilbert Deray sur LCI, le 24 mars.
Malgré tout, face à l’urgence sanitaire et la détresse des patients infectés par le Covid-19, nombreux sont les pays à avoir adopté le traitement. Ce dernier doit se prendre au début des premiers symptômes, auxquels peuvent s’ajouter la perte d’odorat et la perte de goût, notamment celui du sel, comme le rappelle le Pr Didier Raoult dans une vidéo informative:
Plusieurs médecins français ont également appelé à prescrire le traitement et n’ont pas attendu avant de s’en servir, comme le témoigne Florian, un consultant de 43 ans de la région niçoise, dont le médecin traitant lui a proposé le traitement prodigué par le Pr Raoult: le Plaquénil en association avec l’Azithromycine. Il témoigne au micro de Sputnik:
«Je n’ai aucun antécédent cardiaque, il est évident que si ça avait été le cas, il ne me l’aurait pas donné. Donc j’ai accepté et pris le traitement pendant six jours, j’ai fini le 20 mars. Là, je vais bien, mais je reste en confinement, hors de question que je mette en danger qui que ce soit. Je pense avoir remercié mon médecin déjà 200 fois», affirme Florian à Sputnik.
Bruno Manzi, président du conseil des médecins de la Haute-Corse a insisté sur l’urgence d’agir face à l’épidémie au micro de France 3. Il admet que lorsqu’un nouveau produit arrive sur le marché, il y a une phase d’étude qui se trouve être assez longue. Cependant, l’étude du Pr Raoult exploite un médicament dont les effets secondaires sur le plan cardiaque ne sont pas méconnus, dans ce cas pourquoi ne pas le tester après un bilan cardiaque et sur l’accord des patients. Le médecin fait état de son souhait de participer à l’essai du professeur, puisque la Corse est la région avec la plus forte proportion de patients atteints, et appuie sur la nécessité d’un encadrement légal sous l’égide d’une autorité.
En Allemagne, la chloroquine «contre le paludisme» et le Remdesivir «qui a été testé positivement pour son impact sur le virus Ebola» sont étudiés, car susceptibles de convenir à la lutte contre le Covid-19. La virologue allemande Susanne Herold, chef du service de virologie de la clinique universitaire de Giesen a déclaré:
«Actuellement, il existe différentes possibilités de thérapie. Il s’agit tout d’abord d’une stratégie de réorientation, c’est-à-dire de tester des médicaments déjà disponibles destinés à lutter contre d’autres maladies. Leurs essais cliniques sont actuellement en cours pour voir s’ils peuvent être utilisés contre le nouveau coronavirus également», a affirmé Susanne Herold, lors d’une conférence de presse du 26 mars, à Berlin.