L’Afghanistan en guerre et face au coronavirus: «La situation est sans doute minorée»

Ravagé par la guerre, avec Ashraf Ghani, Abdullah Abdullah et les talibans qui tentent de prendre le contrôle du pays, l’Afghanistan doit maintenant gérer l’arrivée du coronavirus. Analyse des enjeux par Emmanuel Dupuy, président de l’IPSE, et l’ex-députée Françoise Hostalier, présidente du Club France-Afghanistan, au micro de Rachel Marsden.
Sputnik

La plupart des pays ont du mal à faire face aux enjeux mondiaux avec un seul gouvernement. À l’heure actuelle, le peuple afghan doit en gérer trois, en quelque sorte. À la suite des récentes élections nationales, deux candidats se sont déclarés vainqueurs: Ashraf Ghani, le Président sortant et Abdullah Abdullah, l’ancien chef du gouvernement.

Tous deux se qualifient de Présidents légitimes du pays sur la biographie de leurs comptes Twitter respectifs. Il y a aussi les talibans qui contrôlent en pratique une grande partie du pays. Donc, effectivement trois gestionnaires pour un seul pays. Il y a également les troupes américaines qui en application de l’accord de paix avec les talibans, devraient commencer à partir. Est-ce d’ailleurs réellement le cas? À cette situation déjà explosive s’ajoute l’arrivée du coronavirus dans le pays, dont l’avenir semble lourdement hypothéqué.

Le bilan en date du 23 mars fait d’ailleurs état de 40 contaminés et d’un mort.L’ancienne députée Françoise Hostalier détaille l’impact de l’arrivée du coronavirus en Afghanistan:

«Le chiffre que l’on trouve par les informations officielles... ne paraît pas du tout crédible. On annonce que cinq zones ont été mises totalement en quarantaine, sans préciser exactement les endroits. On annonce également que les Chinois ont envoyé pas mal de matériel en Afghanistan, dont des respirateurs, et que plusieurs hôpitaux sont déjà en préparation pour accueillir de personnes en difficulté respiratoire, notamment l’hôpital japonais de Kaboul.»

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Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), est d’accord pour dire que les chiffres ne sont pas crédibles:

«La situation est sans doute minorée. Premièrement, parce que l’Afghanistan se trouve entre les deux foyers principaux, la Chine et l’Iran, donc indiscutablement il va y avoir impact supplémentaire qui concerne toute l’Asie centrale.»

Dupuy rajoute que l’Otan risque de rater une occasion de venir en aide au peuple afghan:

«On peut se désoler du fait que les capacités de l’Otan, et notamment les hôpitaux militaires de l’opération “Resolute Support”, ne soient pas ouverts aux populations.»

D’après Hostalier, le peuple afghan a quand même une plus grande préoccupation actuellement dans sa vie quotidienne:

«Leur problématique aujourd’hui, c’est qu’ils n’ont pas de travail. Il y a un chômage extraordinaire et ils sont obligés pour beaucoup d’entre eux de vivre d’un système de débrouille qui va quand même bientôt marquer ses limites. Beaucoup d’écoles sont fermées, puisque les parents n’ont plus les moyens d’envoyer les enfants à l’école. L’Afghanistan a régressé sa manière inimaginable et vraiment les gens ont beaucoup de mal à vivre.»
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