Entre risques sanitaires, pénurie et fausses ordonnances pour de la chloroquine, le quotidien des pharmaciens – vidéo

Confinement en France, quelle est la situation dans les pharmacies? Pas de pénurie en vue, seuls les masques et les gels hydroalcooliques manquent encore. Si les recherches continuent pour trouver un remède au Covid-19, la chloroquine fait débat en France, faute de recherches solides, mais n’empêche pas l’automédication chez certains.
Sputnik

La France entame son huitième jour de confinement. Des mesures plus strictes ont été annoncées par le Premier ministre le 23 mars, mais toujours pas de confinement «total». Si la première semaine, des images de pénurie et de foules se dirigeant vers les magasins ont fait le tour de l’Hexagone, la situation a l’air de s’être calmée en ce début de seconde semaine d’enfermement chez soi.

Alors qu’elles sont en première ligne, à la fois sur les questions d’approvisionnement et face à la maladie, Sputnik s’est intéressé à la situation dans les pharmacies françaises.

Julien, pharmacien en région parisienne, porte un masque au quotidien, d’une part pour rassurer le personnel et d’autre part pour se protéger et protéger les autres. Il admet une panique en amont du confinement concernant les masques et le gel hydroalcoolique, qui aujourd’hui peinent à revenir en rayon:

«Avant que l’on se rende compte vraiment de la chose, j’en avais commandé et même en faisant des restrictions de vente par personne, tout est parti en 3h, même en limitant la vente à 10 masques par personne, tout a été pris très rapidement. Pour le gel, on n’arrive pas à en avoir, les commandes sont toutes décalées de plusieurs semaines.»

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Au vu du manque de masques au sein des hôpitaux, Julien et son équipe ont pris la décision de donner les masques restants au personnel soignant. Après le monde venu en masse lundi 16 et mardi 17 pour prendre son traitement ou des médicaments de premiers soins, comme du Doliprane, la pharmacie a connu un retour au calme qui lui a permis de mieux s’organiser. De fait, plusieurs mesures ont été prises pour limiter la propagation du virus: pas plus de trois clients à l’intérieur, prise de température avant de rentrer, et limitation d’accès aux produits non essentiels comme les compléments alimentaires ou la parapharmacie. La pose de plexiglas aux caisses a également permis de rassurer les pharmaciens:

 «Les plexi, il y avait une semaine d’attente. Parfois, les gens ne font pas attention, ils toussent limite sur nous, donc on a mis ça en protection justement si jamais une personne ne faisait pas attention.»

Léa, préparatrice en pharmacie dans le Val-de-Marne, connaît, elle aussi, une pénurie de gel et de masques, qu’ils ne donnent plus qu’aux soignants. Elle admet que la panique influence certains de ses clients: «Certains sont compréhensifs, d’autres agressifs. Ils pensent que c’est de notre faute s’il n’y a plus de gel ou de masques

Pas d’automédication

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Autre débat national auquel les pharmaciens sont confrontés: l’espoir suscité par la chloroquine (hydroxychloroquine), un antipaludique. Elle est présentée comme potentiel remède au Covid-19, notamment en France par le Pr Didier Raoult de l’IHU de Marseille. Pourtant, les études cliniques ne font que commencer, la prudence est donc de mise, ce qui n’empêche pas certains de se précipiter dans leur pharmacie pour en acheter. Julien admet garder un stock pour les personnes qui en auraient réellement besoin, c’est-à-dire avec des maladies chroniques comme la bronchite. Il martèle que l’automédication est une mauvaise idée et peut entraîner des complications graves.

«On ne sait pas comment chaque personne peut réagir au médicament. Comme je le dis aux patients, à partir du moment où il faut prendre de la chloroquine ou des antibiotiques, c’est que les signes sont graves et qu’il ne faut pas faire d’automédication. Il faut écouter les médecins, quitte à aller en réanimation», insiste Léa, pharmacienne en région parisienne.

Elle connaît pourtant une rupture de stock de chloroquine et raconte voir passer de fausses ordonnances. «Les gens voient que c’est potentiellement un remède et testent l’automédication.» La préparatrice en pharmacie prévient pourtant les clients des effets secondaires: comme tout virus, le SARS-Cov-V2 tend à se développer et il est pour le moment impossible de savoir comment il va réagir à la chloroquine. De plus, celle-ci est connue pour ses effets secondaires potentiellement graves.

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