Si la crise du coronavirus sème la panique sur le plan sanitaire, elle présente aussi un test pour les économies des divers pays touchés et les valeurs qu’elles sont censées incarner.
D’après plusieurs grands médias américains, l’administration de Donald Trump étudie sérieusement la possibilité de donner directement 2.000 dollars [environ 1.800 euros, ndlr] à certains américains sous prétexte de la crise. Philippe Béchade, économiste et président du think-tank Les Éconoclastes, explique:
«Aux États-Unis où l’idéologie ultralibérale interdisait même d’envisager que l’on puisse donner de l’argent aux gens, on s’interdisait de réfléchir sur le revenu universel... Eh bien, d’un seul coup, tout ce qui était impossible, impensable, inenvisageable... Tout devient soudain possible.»
M.Béchade élabore des scénarios économiques pour la France et ses entreprises et qualifie cette crise de «perte de richesse absolument monumentale», qui pourrait valoir «autour de 25 milliards d’euros, c’est-à-dire le PIB américain sur une année»:
«Pour les entreprises, on va mettre tout le monde sous respirateur artificiel pendant quelque temps, mais une fois l’alerte passée, parce que d’ici deux mois, trois mois, on aura un retour à la normale, il y aura des entreprises qui même sous respirateur artificiel ne survivront pas à cette crise.»
L’économiste revient sur l’approche du gouvernement français du système de santé avant la crise, système qui se retrouve maintenant au cœur de la tempête:
«En France, on a vu la santé sous le seul angle des économies, de la rationalisation des hôpitaux. Tout ce qui apparaissait comme des frais superflus, par exemple de constituer un stock de masques, de gants, de gel hydroalcoolique, etc., tout cela a été considéré comme des frais qui devaient être éliminés.»
L’expert commente aussi la réponse et la cohésion au niveau européen:
«En Europe, la démonstration est faite qu’on n’est même pas capable face à quelque chose qui est très, très concret. Manifestement, il ne s’est pas dégagé de consensus, notamment pour la fermeture des frontières. Certains l’ont fait très, très vite et ce sont généralement ceux que l’on appelait les parias de l’Europe, ces pays souverainistes, épouvantables, qui se ferment au monde, qui ont une vision étriquée, etc. Ceux-là se sont protégés tout de suite et l’on a considéré que si ça venait d’eux, c’était certainement le mauvais choix à faire.»