Le 6 mars, la Russie et l’Arabie saoudite n’ont pas réussi à s’entendre sur une réduction de la production de pétrole, ce qui a fait chuter les cours mondiaux. La question est maintenant de savoir lequel de ces deux pays cédera le premier et l’impact de cette crise sur ces acteurs et sur les États-Unis, au moment où de nombreux pays traversent la crise du coronavirus.
«Le coronavirus a été un accélérateur du phénomène. C’est-à-dire que l’Europe et les États-Unis sont en situation de faiblesse en même temps, mais pour l’instant, ce n’est pas le sujet phare de Poutine et des Russes.»
Le Floch-Prigent estime que «la fragilité du système saoudien, c’est d’être très dépendant de la technologie américaine», précisant que le Royaume s’appuie sur des experts américains et leur savoir-faire, contrairement à la Russie:
«Visiblement, chez les Russes, on a l’impression qu’ils sont sur un matelas, que ce matelas continue à exister, et qu’ils sont prêts à tenir une guerre de tranchées pendant longtemps. Je ne suis pas sûr que l’Arabie saoudite soit prête à tenir ce temps long.»
L’ex-dirigeant d’entreprise explique l’impact réel de la baisse de prix sur les projets de gaz de schiste aux États-Unis:
«Le fait d’avoir des prix aux alentours de 35 $ le baril n’affecte pas– contrairement à ce qu’on raconte– la production de pétrole et de gaz de schiste. Ça affecte les rentrées d’argent des sociétés en question, mais ça n’affecte pas la production. La production peut se satisfaire de ces prix-là, parce que les progrès scientifiques et techniques qui ont été effectués grâce à la numérisation des puits ont permis de diminuer de façon très importante les prix.»
Le Floch-Prigent dévoile également, en exclusivité, la réaction d’autres industriels français face à la crise sanitaire qui met la France sous cloche:
«Je ne comprends pas, compte tenu de l’existence de respirateurs uniquement fabriqués à l’étranger, je ne comprends pas pourquoi on n’en fait pas en France. Beaucoup d’industriels m’ont téléphoné pour me dire “nous avons des prototypes, nous voulons en faire, et nous n’avons aucune réponse de l’État depuis deux mois.”»
L’ancien président de Gaz de France et de la SNCF avoue pour conclure sa perplexité
«J’écoute et je ne comprends pas ce qui est en train de se passer. Je ne vois pas l’intérêt d’arrêter complètement la production française, à part les biscuits et les pâtes qui intéressent énormément les consommateurs français, puisqu’ils se ruent pour prendre dans leur foyer 200 kilos de pâtes dont ils n’en auront pas l’usage pour les 20 ans qui viennent.»