«Ce sont des décisions révolutionnaires.»
Philippe Béchade, président du think-tank des Éconoclastes ne mâchent pas ses mots concernant les récentes annonces du gouvernement américain et de la Réserve fédérale américaine (FED). Des montants colossaux vont être investis afin de soutenir l'économie américaine qui souffrede l'épidémie de coronavirus. Entre facilités de crédits octroyées aux ménages et aux entreprises, soutien sur les prêts automobiles ou encore injection massive de liquidités sur le marché monétaire (500 milliards de dollars rien que pour le 17 mars), la FED a sorti la sulfateuse.
Des milliers de milliards de dollars mis sur la table?
Washington est également intervenu en proposant notamment 50 milliards de dollars sous forme d’aides directes et d’allègements fiscaux pour l'industrie du transport aérien qui souffre énormément de la crise actuelle. D'autres secteurs ont reçu des promesses d'aide comme les opérateurs de croisières. Quant à la Chambre de commerce des États-Unis, elle souhaite la suspension des prélèvements obligatoires pour les mois de mars, avril et mai, et un premier texte concernant le financement d'un système temporaire d’assurance-chômage pour les salariés victimes du Covid-19 pour un montant de 100 milliards de dollars est en discussion au Congrès.
D'après plusieurs médias américains, le plan préparé par la Maison-Blanche s’élève à environ 850 milliards de dollars. Le montant total des investissements de la FED et du gouvernement pourrait à terme se chiffrer en centaine, voire en milliers de milliards de dollars.
«Même le plus extrémiste parmi les socialistes n'aurait pas osé proposer que l'on nationalise des entreprises en difficulté, que la Banque centrale apporte sa garantie à des prêts émis par des entreprises dont on sait qu'elles ne les rembourseront pas, que l'on paie les salaires des gens qui sans cela serait mis au chômage. Nous assistons à un déploiement de moyen qui aurait fait passer Bernie Sanders ou Elizabeth Warren pour des fous si jamais ils avaient dit il y a un mois de cela que ces mesures étaient les bonnes si les choses tournaient mal aux États-Unis. Ils auraient été traités d'irresponsables», analyse Philippe Béchade.
Il est donc trop tôt pour envisager les conséquences d'une telle politique, mais Philippe Béchade en prédit déjà certaines qui changeront, selon lui, le rapport à l'économie des nations:
«Tout vole en éclats. Je pense à la limite des 3% de déficit budgétaire en Europe. Nous passerons à 5% puis à 6%, des chiffres qui sont courants aux États-Unis, et pourtant cela n'empêche pas les investisseurs d'acheter de la dette américaine. Toutes ces règles n'existeront plus. Plus personne ne le supporterait. De plus, il y a un risque non seulement pour la valeur du dollar, mais également de toutes les monnaies. Les États-Unis ne peuvent pas mener une telle politique "no-limit" seuls pendant que les Européens se restreignent et reviennent à l'orthodoxie budgétaire germanique. L'Europe fera également tout pour sauver ses entreprises de la faillite comme Airbus ou ses compagnies aériennes.»