La candidate LREM à la mairie de Paris, Agnès Buzyn, estimant que les élections municipales étaient «une mascarade» au regard de l'épidémie de coronavirus, avait plaidé auprès du Président de la République pour un report du premier tour, a appris l'AFP de sources concordantes.
«Quand j’ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu», a-t-elle confié dans une interview au Monde.
La seule chose à laquelle elle pensait
Dès le début, elle reconnaît n'avoir pensé «qu’à une seule chose: au coronavirus. On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting. J’ai vécu cette campagne de manière dissociée».
Le 11 janvier, Agnès Buzyn affirme avoir envoyé un «message au Président sur la situation».
Dans le même temps, elle assure avoir reçu «des milliers de textos» lui disant: «"Il n’y a que toi…". Je me suis dit que je n’allais pas laisser La République en marche dans la difficulté… Paris est un beau mandat. J’ai appelé moi-même le président pour lui dire que j’y allais».
Réactions
Les déclarations de l'ex-ministre de la Santé ne sont pas passées inaperçues dans les cercles politiques, considérées notamment comme «effarantes» par la présidente du Rassemblement national. Jordan Bardella a de son côté exigé que les membres du gouvernement «rendent des comptes».
Pour d'autres, dont l'ex-ministre Patrick Kanner, les confessions d'Agnès Buzyn posent de «graves questions».
L'ex-ministre de la Santé a d'ailleurs confirmé avoir alerté le Premier ministre sur le risque de report des élections municipales à cause du coronavirus, et a regretté l'utilisation du mot «mascarade».
Arrêt de la campagne
Interrogée par l'AFP, la candidate LREM avait affirmé: «Je verrai ce que je fais [mais] je ne souhaite pas continuer à faire campagne dans de telles conditions». «Dans les semaines qui viennent, je ne peux être que médecin» et non candidate, avait-elle précisé, laissant entendre qu'elle pourrait reprendre cette activité très prochainement.
La candidate, médecin de formation, était en disponibilité et doit, comme tout personnel, contacter son hôpital de rattachement si elle souhaite reprendre du service.
Lundi 16 mars, elle a écrit à ses militants qu'elle «arrêtait» sa campagne. «Les conditions ne sont plus réunies pour continuer une campagne électorale» et «la priorité est à la lutte contre le coronavirus».