La «nonchalance française» inquiète le personnel hospitalier qui «craque peu à peu»

Tandis que les services de réanimation sont débordés, des médecins qui travaillent sans relâche à l’hôpital de Mulhouse commencent à «craquer» face aux nombreux décès, au manque de lits et de respirateurs, indique le président du conseil régional du Grand Est au quotidien le Parisien. Par ailleurs, il pointe «la nonchalance française».
Sputnik

Revenant sur la situation épidémique dans la région du Grand Est, la plus touchée par le coronavirus en France, le président du conseil régional et docteur Jean Rottner fait état dans un entretien accordé au Parisien de la pénurie de lits et des conditions difficiles de travail dans les hôpitaux.

«À l'hôpital de Mulhouse, nous avons deux cents lits occupés par des malades du Covid-19. On a dû transformer des unités entières pour avoir de telles capacités d'accueil. Les services sont pleins», déplore-t-il.

Faute de place, 11 personnes ont été transférées dans «d’autres réanimations jusqu’à Nancy, qui se situe à plus de deux heures de route».

«Le personnel craque»

Comme «les réanimations sont saturées», des médecins peuvent être mobilisés «plusieurs heures d’affilée», c’est pourquoi «le personnel craque, peu à peu», explique le docteur.

Confinement et mobilisation: ce qu'il faut retenir des mesures décidées par Emmanuel Macron
Ils sont en service 24 heures sur 24 depuis trois semaines, et la pression émotionnelle est forte. Des médecins voient des patients âgés mourir en quelques heures:

«Je ne sais pas si vous mesurez ce que l’on vit ici», lance M.Rottner, expliquant qu’un ami médecin a pleuré «pendant 40 minutes au téléphone».

Concernant les besoins de l’établissement de santé, il cite «des respirateurs, [...] des hommes et des femmes capables de les faire fonctionner». De plus, il est nécessaire que les cliniques privées ouvrent leurs portes pour accueillir les patients. La promesse du Président français de faire installer un hôpital de campagne a été saluée par le médecin. Il reste encore à déterminer comment le dispositif fonctionnera.

Les Français toujours insouciants

Alors que le virus se propage et contamine de plus en plus de personnes, Jean Rottner estime qu’une grande partie de la population française fait preuve d’une absence totale de prise de conscience. Quand il entend certaines personnes dire «ce n’est pas grave, ça ne va pas m’arriver», il se dit «inquiet de cette nonchalance française».

Coronavirus en France: «Je suis médecin depuis 40 ans et je n’avais jamais vu ça»
Enfin, il insiste sur le fait que «le taux d’attaque de ce coronavirus est nettement supérieur à celui de la grippe» et que le fait de ne pas respecter les règles de distance sociale, «ce n’est pas faire le malin, c’est faire le con», condamne le président du conseil régional du Grand Est.

Avec un total de plus de 1.540 cas de personnes infectées au Covid-19 dans la région Grand Est, l’épidémie a éclaté dans le Haut-Rhin après un rassemblement évangélique. Au moins 688 individus ont été contaminés, dont 30 sont décédés.

Bilan en France

Après que le nouveau coronavirus a contaminé plus de 6.600 personnes et en a tuées 148, les mesures de confinement ont été mises en place ce 17 mars à midi, pour une durée de 15 jours, afin de réduire contacts et déplacements. Selon le ministre de l’Intérieur, il s’agit des «mesures les plus restrictives aujourd’hui en vigueur en Europe».

La «nonchalance française» inquiète le personnel hospitalier qui «craque peu à peu»
Discuter