Trafic de crânes et d’ossements? De nouvelles révélations visent l'Université Paris-Descartes

Des collaborateurs de l’Université Paris-Descartes auraient vendu clandestinement des ossements humains à des collectionneurs, les emportant dans des voitures particulières, selon une enquête de France Inter.
Sputnik

Des dépouilles humaines auraient été sorties de l'Université Paris-Descartes et transportées dans des voitures de particuliers. D'anciens techniciens de l'établissement affirment avoir vu des collègues vendre des squelettes et des crânes, relate France Inter.

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Les familles de ceux qui ont donné leur corps à l'université avaient déjà été choquées d'apprendre dans une enquête de L'Express publiée le 27 novembre  que des dépouilles avaient pu faire l'objet d'une «marchandisation». Des industriels auraient demandé une mise à disposition de cadavres conservés au Centre du don des corps (CDC) et l’université aurait passé des conventions avec eux. Ces nouveaux témoignages risquent de les scandaliser davantage.

«Sous le manteau»

L’enquête de la radio publique révèle l'existence d'un commerce «beaucoup moins officiel». Selon plusieurs témoins, des corps ont été sortis illégalement, notamment le week-end. Un professeur a affirmé avoir rencontré des personnes emportant des corps et dans des voitures privées. Il s’agissait surtout de «demi-corps» ou de troncs. «Il y avait une omerta, parce que certainement ça se passait depuis assez longtemps, et les gens, finalement, n'osaient pas trop poser de questions», raconte-t-il.

Ces corps étaient vendus «sous le manteau» à des chercheurs ou des médecins qui cherchaient des pièces anatomiques, donc des morceaux de corps, pour des travaux, mais qui n'avaient pas obtenu de convention avec l'université, estime ce professeur.

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Ces activités suspectes sont également mentionnées dans un document officiel. Le 23 janvier 2012, lors d’une visite du service de prévention de l'université au CDC, celui-ci apprend que 48 heures plus tôt, un samedi, un corps aurait été emporté dans le coffre d'une voiture appartenant à un particulier. Un rapport ad hoc a été transmis au président de Paris-Descartes, Frédéric Dardel. L'Université de Paris (la structure juridique qui englobe désormais Paris-Descartes) n'a pas répondu aux sollicitations de France Inter.

Vente de crânes

Les journalistes ont par ailleurs découvert un autre type de «commerce», à savoir la vente d'ossements humains, notamment de crânes. Plusieurs préparateurs de corps du CDC, qui démembrent les corps des personnes données à la science, disent avoir vu certains collègues préparer des pièces anatomiques pour les vendre.

Une grande marmite placée sur un brûleur à gaz servait à bouillir des têtes, raconte un collaborateur. Il dit avoir vu les crânes «partir dans des sacs à dos».

«Avant le départ des corps pour l'incinération, l'un des préparateurs avait aussi l'habitude de vider les cercueils avant que les policiers ne viennent poser les scellés. Il prenait tout ce qui était monnayable. Essentiellement les têtes. Un crâne pouvait être revendu 500 euros. Imaginez si vous en vendiez six ou sept en un seul week-end!», confie-t-il au média.

Un crâne à 600 euros

Des amateurs d'objets de cabinets de curiosités confirment auprès de la radio avoir acheté des crânes et des squelettes, en cachette, au pied de la fac de médecine, à Saint-Germain-des-Prés.

Plusieurs experts ont indiqué à France Inter que le crâne d'une personne récemment décédée avait «peu de valeur marchande», mais qu’il existait bien des collectionneurs. Au marché aux puces de Saint-Ouen, des crânes de couleur très claire, donc récents, sont mis en vente pour 600 euros, apprennent les journalistes.

L'enquête judiciaire ouverte par le parquet de Paris pour les présomptions d'atteinte à l'intégrité de cadavres au Centre du don des corps de Paris-Descartes ne porte pour l’instant pas officiellement sur ces soupçons de trafic de corps humains dans le quartier latin, conclut France Inter.

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