Limiter les erreurs médicales en Afrique, la promesse d’une application

À la tête de sa start-up, Emmanuel Assom a mis sur pied OuiCare, une application qui permet aux patients de disposer de leurs données personnelles et aux médecins d’accéder rapidement au dossier médical du malade pour une meilleure prise de décision. L’entrepreneur veut limiter les erreurs médicales et réduire le taux de mortalité. Portrait
Sputnik

À 33 ans, Emmanuel Assom est le fondateur de la start-up Asta. Il a mis sur pied OuiCare, une application destinée aux patients et aux professionnels de la santé. Cette solution digitale est, nous dit-il, une sorte de carnet de santé numérique qui met en relation patients et structures sanitaires.

«OuiCare permet aux médecins d’avoir rapidement la bonne information pour une prise en charge rapide du patient. Les pouvoirs publics et les institutions internationales peuvent disposer en temps réel des données sur l’état de santé des populations pour mener des actions ciblées afin d’éradiquer ou juguler certaines pathologies», renseigne l’entrepreneur au micro de Sputnik.
Limiter les erreurs médicales en Afrique, la promesse d’une application

Encore dans sa phase pilote, OuiCare va aider à l’analyse des données et à la prévention de certaines maladies héréditaires. De par sa fonctionnalité, cette intelligence artificielle est une solution pratique tant pour le patient que pour le professionnel. Ainsi, le médecin «renseigne les informations médicales lors de la consultation dans le carnet de santé et le patient peut y avoir accès en toute sécurité sur son smartphone ou un PC».

«Si le patient se trouve devant un professionnel de santé qui n’utilise pas encore OuiCare, il peut générer un fichier PDF qu’il peut partager avec son médecin et ainsi permettre à ce dernier d’avoir ses informations médicales. Il a aussi la possibilité de prendre ou de solliciter un rendez-vous avec un spécialiste, de géolocaliser un médecin près de lui», ajoute Emmanuel Assom.

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Au-delà de l’accès aux données médicales et de la mise en relation patient-médecin, le jeune entrepreneur travaille également sur d’autres modules qui permettront la localisation, via son application, des pharmacies, et la vérification de la disponibilité des médicaments ainsi que leur coût.

«Nous voulons pouvoir renseigner les utilisateurs sur les prix pratiqués dans les différentes pharmacies et leur proposer un catalogue d’établissements à proximité. Ils pourront décider si cela vaut la peine d’effectuer le déplacement en fonction de la distance et du coût du médicament», détaille-t-il.

Emmanuel Assom va aussi proposer, dans un autre module, «des informations sur la couverture assurance de chaque patient pour accélérer sa prise en charge».

Réduire le taux de mortalité

Informaticien de formation, l’entrepreneur, dont la start-up est basée à Douala, a fait de l’accès aux soins son cheval de bataille. La perte de son père en 2015, à cause d’une prise en charge trop lente, lui a fait réaliser les lacunes du système médical local.

«Après le décès de mon père, j’ai découvert que la majeure partie des décès en Afrique Subsaharienne était due à l’absence d’historiques médicaux des patients qui entrave grandement leur prise en charge. Seulement 35% de la population d’Afrique subsaharienne a accès aux institutions de santé modernes. C’est inacceptable! C’est donc pour répondre à ces problèmes que mon équipe et moi avons choisi de concevoir la solution OuiCare», relate-t-il.

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Testée dans plusieurs structures sanitaires dans sa phase pilote, OuiCare a été approuvée par les publics cibles. Après des retours positifs, Emmanuel Assom a encore modifié son application afin d’être davantage en accord avec la réalité. Cette première évaluation démontre «que les patients sont plus réceptifs pour adopter ce nouveau mode de fonctionnement».

«Nous sommes en plein déploiement. En même temps, on travaille sur le module vaccination et rappel de vaccin ainsi que sur l’intégration des pharmacies, des laboratoires et des assurances pour permettre au patient d’avoir tout son univers médical en main», souligne le jeune entrepreneur.

La difficile équation du financement

Si le projet fait son chemin et en séduit plus d’un, les choses semblent encore à la traîne sur le plan du financement. Emmanuel Assom recherche des sponsors supplémentaires qui lui permettront de porter son initiative à plus grande échelle.

«Nous sommes activement à la recherche de financement pour accélérer notre déploiement et intégrer les nouveaux modules. Nous avons besoin de près de 300.000 dollars pour assurer l’extension de nos services. Des demandes de soutien ont été initiées auprès des institutions et nous allons aussi lancer une levée de fonds», ambitionne-t-il.

Pour accélérer son déploiement, l’entrepreneur a besoin d’agrandir la capacité de stockage des serveurs, à défaut d’avoir son propre data center. Il lui faut aussi développer de nouvelles façons de renforcer davantage la sécurité. À l’ère du tout numérique, la digitalisation des services de santé, soutient le jeune homme, est un atout pour les patients comme pour les professionnels de la santé: elle facilite les procédures et peut sauver des vies.

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