La base navale US en Espagne suscite l’inquiétude après l’identification d’un officier infecté au Covid-19

L'Espagne accueille à Rota une grande base navale américaine, stratégique pour leurs opérations en Méditerranée. Après que la ministre espagnole de la Défense a confirmé que l’un des officiers de la base avait été infecté par le coronavirus, des questions émergent sur l’avenir du site et de la région.
Sputnik

La nouvelle d’une contamination par le Covid-19 d’un officier sur la base navale américaine de Rota, dans la province de Cadix, met en émoi cette région du sud de l'Espagne et ce d’autant plus que les États-Unis ont déjà déclaré que diverses installations pourraient être fermées sous peu en raison de la propagation du coronavirus en Europe.

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«Il est évident que nous sommes à un point critique, avions et navires arrivant tous les jours à Rota. Pour le moment, nous n’avons pas de protocoles spécifiques au-delà de ceux établis par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS)», explique à Sputnik Manuel Urbina, président du comité de travail de la base Rota (Cadix) qui héberge le plus grand contingent américain en Europe.

Il s’agit d’une base conjointe très hermétique des marines espagnole et américaine. Sur plus de 2.000 hectares s’étendent un aéroport et un port qui effectuent des milliers de manœuvres par an. Après la découverte d’un officier atteint de coronavirus, la quarantaine a été imposée à l'ensemble de son entourage.

Selon l’interlocuteur de l’agence, l'aéroport n'a toujours pas changé ses procédures. Avec plus de 20.000 vols annuels, c'est un espace très sensible, car il ne s'agit pas d'une installation exclusivement militaire.

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Quant à la propagation de l’épidémie de Covid-19 en Europe, M.Urbina mentionne un autre élément critique, à savoir le fait que la base de Rota est jumelée avec une base en Italie. En tant que base américaine, elle se trouve en liaison directe avec la base de Naples qui est au-dessus dans la hiérarchie.

«On dit qu’il y aurait là un navire en quarantaine, mais je ne peux rien confirmer, faute d’information officielle», dit le président du comité de travail de la base Rota.

L’incidence de la nouvelle sur la région

La vérité est que la fermeture, même temporaire, de la base serait un coup fatal porté à cette région du sud de l'Espagne en général, et à la ville de Rota en particulier. Selon l'accord bilatéral entre l'Espagne et les États-Unis, elle abrite au moins 4.250 membres du personnel militaire américain. Leur présence est un atout économique pour la région», relève auprès de Sputnik Javier Ruiz Arana, maire de la ville de Rota.

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Selon des sources présentes sur la base, son impact économique dans la baie de Cadix a été d'environ 450 millions d'euros rien qu'en 2018.

«Plus il y a de destroyers qui viennent à la base, mieux c'est pour la ville», assure M.Arana, commentant l’intention déclarée des États-Unis d’étendre la présence de leur VIe flotte qui stationne dans ces eaux de l'Atlantique et contrôle l’accès à la mer Méditerranée.

Quoi qu’il en soit, tous ne sont pas de cet avis.

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«Nous sommes dans une énorme dépendance depuis des décennies parce que la base offrait au départ un grand espoir en matière d'emploi et de stabilité économique, mais avec le temps, nos attentes ne sont plus satisfaites. Et aujourd'hui, il y a beaucoup plus d'inconvénients que d'avantages concernant la présence de la base», regrette dans un entretien accordé à Sputnik Inmaculada Nieto, porte-parole du groupe de gauche Adelante Andalucia au parlement andalou.

Cependant, les observateurs constatent que la base et l'industrie militaire qui tourne autour représentent une sorte de bouée de sauvetage pour une province qui fait naufrage avec le taux de chômage le plus élevé d'Espagne. L'été dernier, on comptait 77.601chômeurs dans la baie de Cadix, soit plus de 30% du total des sans-travail dans le pays. Et c’est à ce moment critique que le coronavirus apparaît et brouille toutes les cartes.

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