La Turquie et l’UE seraient loin de «désamorcer la crise migratoire»

Déjà très sérieux, le problème migratoire s’est encore aggravé après l’ouverture par la Turquie de sa frontière quand une puissante vague de migrants a déferlé sur la frontière grecque. Dans une tentative de désamorcer la crise, le Président turc s’est rendu à Bruxelles. Un analyste politique commente la situation pour Sputnik.
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Tout indique que pour le moment la Turquie et l’Union européenne sont très éloignées du règlement définitif de la crise des migrants, a estimé Can Baydarol, vice-président de l'Association turque de l'UE et des études mondiales (ABKAD), lors d’un entretien accordé à Sputnik.

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«À l’issue des récents contacts à Bruxelles, les parties ont adopté une déclaration, selon laquelle les négociations sur la crise migratoire ont été constructives, mais qu’il restait encore une multitude de complications et de questions techniques qui demandaient un examen ultérieur. Par conséquent, un dialogue politique sur ce thème sera poursuivi. […] Quoi qu’il en soit, il serait prématuré de parler d’une possibilité concrète de désamorcer la crise migratoire», a indiqué l’interlocuteur de l’agence.

Et de souligner que la conférence de presse à l’issue des négociations bruxelloises s’était déroulée en l’absence de Recep Tayyip Erdogan.

On est loin du règlement de la crise

«À mon avis, cela montre qu’un compromis n’a toutefois pas été trouvé», a estimé l’expert.

Selon ce dernier, l’actuelle crise migratoire figure parmi les «plus grandes tragédies humanitaire du XXIe siècle».

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«La plupart des personnes qui se sont accumulées à la frontière grecque sont des réfugiés d’Iran, d’Irak et d’Afghanistan qui, à la différence des Syriens, n’ont pas le droit d’asile en Turquie», relève le Turc.

Il rappelle que l’UE aurait dû débloquer six milliards d’euros à titre d’aide à la Turquie qui porte l’essentiel du fardeau de la crise des migrants sur son territoire.

«On constate que trois milliards ont été alloués à la Turquie, alors que les trois autres milliards ont été coincés pour des raisons techniques quelque part dans les entrailles de la machine bureaucratique européenne. Je suppose qu’à la première étape, nous pouvons nous attendre au versement rapide de ces fonds et ensuite à une augmentation du soutien matériel», a poursuivi M.Baydarol.

Bien des obstacles se dressent dans la voie du règlement de la crise des migrants, et l’aggravation de la situation dans le gouvernorat syrien d’Idlib s’y ajoute, a résumé l’interlocuteur de Sputnik.

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