Résurrection? Joe Biden a confirmé son rebond dans les primaires du Parti démocrate. Il a même acquis le statut d’archi-favori face à Bernie Sanders, autoproclamé «socialiste», et jugé de plus en plus dans les médias comme trop radical pour rassembler l’électorat américain.
Ancien bastion industriel démocrate durement frappé par la crise, remporté à la surprise des observateurs par Donald Trump, cette victoire pose encore un peu plus Joseph Robinette Biden (dit Joe Biden) comme celui qui serait capable d’accéder à la Maison-Blanche.
Et pourtant. Ce vétéran de la politique américaine de 77 ans, élu pour la première fois au Sénat en 1973, revient de loin. Les primaires avaient en effet très mal commencé pour Joe Biden, avec des premières défaites cuisantes face à Bernie Sanders.
Des médias indulgents malgré les faux-pas de Joe Biden
De quoi ébranler sa profession de foi en forme de défi à Donald Trump et martelée à l’envie. «Si on m’en donne la moindre opportunité, je battrai ce type à plate couture», promettait-il en septembre 2019, le ton martial et l’index vengeur.
Joe Biden est-il vraiment mieux placé que Bernie Sanders pour battre Donald Trump? Les médias institutionnels semblent vouloir y croire, malgré ses nombreuses gaffes, ses pertes de mémoire lors de ses discours et ses saillies parfois vulgaires. La chaîne d’information en continu CNN voit ainsi l’ex-vice-Président avec bienveillance, quels que soient ses actes.
Alors que l’échange tourne un peu plus au vinaigre, et que l’ouvrier lui fait observer que Joe Biden «travaille pour lui» en tant qu’élu, ce dernier finit par lancer: «Don’t be such a horse’s ass», expression que l’on peut traduire, sur un registre un peu plus poli, par: «Ne faites pas l’âne.»
Vers un remake de l’échec des primaires démocrates de 2016?
Joe Biden confond-il combativité et respect dû à ses électeurs? Pas pour CNN qui titre: «Pourquoi la confrontation de Joe Biden avec un ouvrier à Detroit est probablement une bonne chose».
Le début du mois de mars 2019 a été marqué par un tir de barrage médiatique avec la promotion d’un mouvement pour «Stopper Bernie Sanders». En juillet 2016, sur fond de publication par Wikileaks d’emails émanant du Comité national démocrate alimentant la thèse selon laquelle l’équipe de campagne d’Hillary Clinton aurait espionné celle de Bernie Sanders et manipulé les médias, la présidente du parti, Debbie Wasserman Schultz, avait été contrainte de démissionner.
Après un silence pesant, Bernie Sanders a annoncé qu’il maintenait sa participation au prochain débat du Parti démocrate, le 15 mars prochain. En cas de nouveau revers, Bernie Sanders consentira-t-il à se retirer de la course à l’investiture comme Michael Bloomberg et Elizabeth Warren? Au regard de sa combativité proverbiale, rien n’est moins sûr. Dans un éditorial publié le 3 mars 2020 dans le Washington Post, Paul Waldman se refuse à trancher. Pour lui, «Sanders serait un candidat très risqué. Mais Biden aussi». Le Parti démocrate a-t-il pensé à un plan C?