Pétrole: une guerre des prix peut-elle mener à la crise de l’Opep +?

Il est attendu que la demande en pétrole reprenne, notamment en Chine, pays le plus touché par l’épidémie due au coronavirus, mais pour le moment, le prix des hydrocarbures baisse et baissera sans doute encore, bien qu’il ne s’agisse pas d’un phénomène objectif, mais plutôt psychologique, supposent des analystes interrogés par Sputnik.
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«L’Arabie saoudite déclenche une guerre des prix», titrent les médias, mais ce n’est qu’une supposition tout à fait «absurde», a estimé dans un entretien accordé à Sputnik Alexandre Frolov, directeur adjoint de l'Institut russe de l'énergie nationale.

À qui profite l’effondrement des cours du pétrole?

Stratégie de Riyad sur le marché du pétrole

«Toute la stratégie de l’Arabie saoudite sur le marché du pétrole, y compris sa revendication de réduire la production d’un million et demi de barils, tend à un objectif très simple qui consiste notamment à maximiser ses revenus provenant de la vente de brut», explique l’expert.

Et d’ajouter que les Saoudiens ne voulaient tout simplement pas attendre que la production industrielle en Chine et la demande en pétrole reprennent enfin.

L'Opep+ porte un coup aux exportations des USA
«Selon eux [l’Arabie saoudite, ndlr], c’est trop long. Par conséquent, il faut réduire en vitesse la production, et alors, le flot d’argent ne tarira pas. Ils ne veulent pas de guerre des prix avec la Russie, bien au contraire. Et même leurs menaces d’augmentation jusqu’à 12 millions de barils devraient être interprétées comme une invitation: "Allons à la table des négociations". Je pense qu’ils ne s’attendaient pas à une réaction aussi violente sur les marchés qui étaient déjà prêts à des nouvelles négatives et disposés à déclencher l’effondrement et la panique», a résumé M.Frolov.

Adhérente de l’Opep +, la Russie a dû par le passé, conjointement avec l’Arabie saoudite et les autres pays membres de l’Opep, réduire les volumes de sa production, perdant par conséquent des parts sur certains marchés importants, a rappelé un autre interlocuteur de Sputnik, Vladimir Goutenev, premier vice-président de la commission de la Douma (chambre basse du parlement russe) pour la Politique économique, l’industrie, le développement innovant et l’entreprenariat.

«Dans le cadre de l’accord Opep +, nous n’avons pas travaillé à plein rendement, et il nous reste des réserves substantielles pour compenser la chute des cours, en augmentant les volumes de production», a relevé le parlementaire.

«Rien n’est éternel»

Interrogé pour savoir si l’Opep + cessait d’exister pour toujours ou seulement pour un temps, il rappelle:

«Rien n’est éternel. On observe à présent bien des alliances provisoires. […] Il ne serait sans doute pas sage de former des alliances à long terme. Notre adhésion à l’OMC était plutôt compliquée et nous a demandé de sérieuses concessions. Et dès que nous avons appris à travailler dans ce paradigme, nous avons été témoins de l’effondrement aussi bien du droit international que des principes de l’OMC. Par conséquent, il serait mieux d’opter pour un délai plus court et des démarches plus pragmatiques, y compris dans les relations avec nos alliés et nos pseudo-alliés. Nos principaux alliés, ce sont l’armée et la flotte, et le bien-être de notre population, c’est notre priorité essentielle», a conclu le député.

Échec de l’Opep et de ses alliés

L'Opep et ses alliés n'ont pas réussi à se mettre d'accord pour soutenir les cours du pétrole qui se sont effondrés, provoquant la chute des bourses. Face à la propagation du coronavirus à travers le monde, les marchés boursiers ont enregistré une forte baisse des prix du brut. Qui plus est, l’Arabie saoudite a promis d’augmenter sa production de pétrole tout en en diminuant les prix.

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