Après la cérémonie des Césars et l’affaire Polanski, des voix s’élèvent pour critiquer les méthodes et les idées de certains mouvements néo-féministes. Au micro de RTL, la journaliste Natacha Polony a ainsi parlé de «dérive vers une haine des hommes totalement délirante», au sujet d’une récente manifestation féministe, où elle dit avoir entendu des slogans comme «Les hommes me dégoûtent!» ou «On se lève et on broie des prostates».
Dans un édito du magazine Marianne, elle fustige également les discours ayant pour objet «la détestation des hommes hétérosexuels -du moins de ceux d’entre eux qui ne se fouetteraient pas d’être des hommes».Selon la journaliste, certaines militantes féministes sont aujourd’hui animées par le ressentiment et trahissent la philosophie émancipatrice du mouvement.
«Celles qui ont confisqué le beau mot de féminisme pour en faire l’instrument d’une revanche et non celui d’une émancipation, n’ont pas le monopole du discours sur les rapports hommes-femmes», explique-t-elle dans son édito.
Le patriarcat, une opposition simpliste entre «dominants» et «dominés»?
Au-delà de ce sentiment de revanche, Natacha Polony critique aussi le recours au concept de «patriarcat», qui se résume trop souvent selon elle à une lutte entre «dominants» et «dominés». La journaliste dénonce les militants vivants au cœur d’un «monde parallèle» dans lequel «des dominants violeraient impunément dans des orgies obscènes», ou dans lequel «il y aurait de méchants monstres occupés à mutiler les corps des "dominés" à coup de César du meilleur réalisateur». Ce schéma aboutirait à confiner les femmes dans un statut de victime, ce que rejette l’intéressée:
«Je ne considère pas que ce soit le patriarcat qui m’oblige à m’épiler les jambes. Je ne crois pas que le fait d’entretenir son corps, de se l’approprier en le faisant sortir de l’état de nature, soit une soumission à l’ordre masculin.», écrit-elle encore dans Marianne.
Le débat confisqué?
Natacha Polony pointe également du doigt la chape de plomb que font peser certaines néo-féministes sur le débat intellectuel. Selon elles, les journalistes ou les politiques qui s’aventurent à critiquer ce «féminisme agressif», se voient frappés d’opprobre et «immédiatement renvoyés à l’extrême-droite». La journaliste condamne ainsi le silence que font régner certaines «ayatollahs du féminisme» sur les débats. Un silence préjudiciable aux hommes comme aux femmes victimes de sexisme ou d’abus sexuels:
La journaliste déplore ainsi «le silence des femmes qui n’ont pas les moyens de se faire entendre. Celles qui veulent dénoncer le sexisme et les agressions qu’elles peuvent subir […] mais qui ne se reconnaissent pas pour autant dans la bouillie conceptuelle des ayatollahs du féminisme queer. Celles qui ont besoin de soutien pour se libérer et pas d’embrigadement».