Pourquoi est-il «fort possible» que la France soit frappée par une épidémie de coronavirus?

«Nous risquons d'être confrontés au même type de situation» qu’en Italie: des spécialistes français sont revenus pour Le Parisien sur la propagation du coronavirus dans l’Hexagone. La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a par ailleurs annoncé que la France se préparait à «l’éventualité fort possible» d’une épidémie.
Sputnik

Deux nouveaux cas de coronavirus ont été recensés en Picardie, dont un ayant provoqué la mort. La France pourrait-elle se retrouver dans le même cas que l’Italie? Pour répondre à ces questions, Le Parisien a interrogé des spécialistes français.

«Ce que je craignais hier peut arriver aujourd'hui, nous risquons d'être confrontés au même type de situation», souligne la professeure Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l'hôpital Saint-Louis.

Origine inconnue

Selon Le Parisien, il y a en effet une similitude entre la situation en France et en Italie. L’origine de la contamination de l’homme de 55 ans qui est actuellement en réanimation à Amiens ainsi que du Français qui s’est éteint dans la nuit du 25 au 26 février demeure inconnue, tout comme en Italie, ce qui pose problème.

Vers un report des élections municipales à cause du coronavirus? Le gouvernement se prononce - vidéo
«Il faut agir très vite pour remonter au patient zéro. C'est une enquête lourde et complexe», met en garde Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur.

Un autre défi pointé par Le Parisien réside dans le fait que le virus peut se propager dans les hôpitaux, où les patients sont «les plus fragiles».

Les mesures à prendre

Pour faire face à ces problèmes les soignants devront être «vigilants», indique Anne-Claude Crémieux.

«On ne doit plus faire attention qu'à la zone géographique et aux symptômes mais rechercher aussi les cas groupés.»

En outre, des mesures barrières comme une limitation des déplacements ou un maintien à domicile des cas suspects peuvent s’avérer «efficaces»: «On le voit en Chine où le nombre de malades baisse», ajoute-t-elle. 

Pour le chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Tenon, à Paris, Gilles Pialoux, une épidémie en France, «c'est fort probable», et des «erreurs de triage» pourront avoir lieu. D’après lui, certaines personnes vont avoir peur d’avouer s’être rendues en zone rouge, comme en Italie, à cause de la «pression publique»:

«Quelqu'un qui tousse n'aura pas envie d'expliquer qu'il revient du carnaval de Venise!», explique-t-il, ajoutant qu’un changement de système est nécessaire pour faire face à la propagation.

L'Arabie saoudite ferme La Mecque aux étrangers à cause du coronavirus
«Le virus circule très vite mais heureusement sa gravité n'évolue pas. Il donne des formes bénignes dans 82 % des cas. Le problème, c'est que notre hôpital est déjà saturé à 98%. Pour faire rentrer des malades, il faut en sortir ou alors ne plus en accepter», résume-t-il.

La déclaration de Sibeth Ndiaye

Soulignant que la France ne se trouvait pas à l'heure actuelle dans une situation «épidémique», la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a toutefois évoqué «l’éventualité fort possible» d’une propagation.

«Il n’y a toujours pas d’épidémie en France, c’est un premier point. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de risque épidémique et c’est la raison pour laquelle le gouvernement, le ministère de la Santé, le système sanitaire français, se préparent à l’éventualité fort possible, je dois le reconnaître, qu’il y ait une épidémie en France.»
L’Italie, le pays le plus touché d’Europe

L'Italie, où le nombre de contaminations est en augmentation depuis le 21 février, est devenue le pays d'Europe le plus affecté avec plus de 400 cas et 12 décès, selon le dernier bilan des autorités.

Moins touchée, la France a recensé 18 cas et deux décès dont un premier mort français, annoncé le 26 février et qui n'avait pas du tout voyagé dans les zones à risque.

Discuter