À La Sorbonne, Eschyle en a déjà fait les frais. En mars 2019, des militants empêchaient sa pièce Les suppliantes d'être jouée pour cause de blackface. A n'en pas douter, Néocolonialisme, racisés, déconstruction, racisme d’État, intersectionnalité, ou encore privilège blanc: d'innombrables concepts et néologismes envahissent les séminaires universitaires comme les réseaux sociaux.
Derrière cette doctrine, dont les tenants se disent «antiracistes», «indigénistes» ou «décoloniaux», la notion de race fait son grand retour dans le débat public. Elle semble même omniprésente parmi les jeunes générations. Dans la rhétorique progressiste, une nouvelle lutte des races s’imposerait à une lutte des classes qui semblerait vieillissante. La cible? Les «dominants» de la «France blanche».
Anne-Sophie Nogaret, enseignante en philosophie, et Sami Biasoni, diplômé de l’École normale supérieure et chargé de cours à l’ESSEC, viennent de publier Français malgré eux, racialistes, décolonialistes, indigénistes: ceux qui veulent déconstruire la France (éditions L’Artilleur). Dans cet ouvrage, ils analysent le mouvement et la portée de cette idéologie indigéniste qui perce depuis quelques années. Leur ouvrage est d’autant plus original qu’ils ont tâché de comprendre les militants selon leurs propres termes: un tiers de leur livre rassemble des témoignages de terrain et retranscrit leurs discours, témoignant de leur véhémence.
De là naît une question: sera-t-il possible d’apaiser le débat public en France? Nos invités plaident pour une position plus ferme des institutions françaises face au discours indigéniste. Entretien.