Durcissement des règles pour les médias chinois: «l’Amérique a de moins en moins confiance en ses propres forces»

Washington a décidé d'appliquer à cinq médias chinois basés aux États-Unis, dont l’agence de presse Chine Nouvelle et la télévision publique CGTN, les mêmes règles de contrôle que pour les ambassades étrangères. Deux analystes chinois et russe commentent la situation pour Sputnik.
Sputnik

Cinq médias chinois, dont l’agence de presse Chine nouvelle et la télévision publique CGTN, vont maintenant devoir obtenir l’approbation du département d’État américain pour acheter des propriétés aux États-Unis où ils sont établis et fournir la liste de tous leurs employés, y compris les Américains. La diplomatie chinoise n’a pas tardé à y réagir, qualifiant ces mesures d’injustifiées et d’inacceptables:

Et si la Chine détrônait un jour les USA de leur place de leader économique mondial?
«Les États-Unis se sont toujours vantés de leur liberté de la presse. Mais ils s'ingèrent dans le bon fonctionnement des médias chinois aux États-Unis et entravent leur travail.»

Les USA réagissent à la rivalité de la Chine dans leur espace d’information?

Le durcissement des règles pour les médias chinois est une réaction douloureuse des États-Unis à la présence croissante de la Chine dans l’espace informationnel américain, a estimé Cui Lei, de l'Institut chinois d'études internationales (CIIS), dans un entretien accordé à Sputnik.

«Les États-Unis sont très effrayés par l’influence croissante de la Chine sur le marché américain de l’information. Ils estiment sans doute qu’avec la croissance de la puissance économique de la Chine, son "soft power" augmente également. Pour eux, la Chine, tout comme la Russie, s’ingère à présent dans les affaires intérieures américaines, essayant notamment d’influer sur les résultats des élections aux États-Unis», a détaillé l’expert.

Et d’ajouter que cela préoccupait les États-Unis qui commençaient à douter de l’efficacité de leur propre soft power.

Compromis USA-Chine: «Je m'attends à ce que les tensions reprennent de plus belle une fois les élections terminées»

Les restrictions visant le travail des médias chinois aux États-Unis constituent un phénomène beaucoup plus alarmant qu’une simple hypocrisie ou un «deux poids, deux mesures» en matière de liberté de la presse, a relevé à Sputnik Alexandre Lomanov, directeur adjoint de l'Institut de l’économie mondiale et des relations internationales (IMEMO) de l'Académie des sciences de Russie.

Des agents d’influence chinois recherchés partout aux USA

«C’est une rivalité croissante entre la Chine et les États-Unis où des espions chinois sont recherchés partout, que ce soit dans les universités ou les centres de recherche. […] On recherche des agents d’influence. Cela s’explique par le fait que l’Amérique a de moins en moins confiance en ses propres forces», a résumé l’interlocuteur de Sputnik.

Selon la décision du département d'État américain publiée le 20 février, cinq médias chinois sont considérés aux États-Unis comme des «armes de l'appareil de propagande» du Parti communiste chinois (PCC). Ainsi, l'agence de presse Chine Nouvelle, la chaîne de télévision CGTN, le groupe China Daily, China Radio International et Hai Tian Development USA, une société liée au Quotidien du peuple devront désormais, de la même manière que les ambassades étrangères, déclarer leurs employés et les biens qu'ils possèdent sur le sol américain.

Discuter