Le gouvernement s’attaque aux punaises de lit après que Griveaux et un ministre en ont été victimes

A gauche, une députée insoumise a érigé en combat la lutte contre les punaises de lit. Dans la majorité, Benjamin Griveaux avait partagé son expérience douloureuse. Ce fléau inquiète le monde politique au point de mériter désormais un plan du gouvernement, relate l’AFP.
Sputnik

«Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement, lance un plan de prévention et de lutte contre les punaises de lit», a annoncé jeudi soir son ministère.

Les punaises de lit sont des insectes dont les piqûres provoquent notamment des démangeaisons, qui se développent dans les matelas et les draps, ainsi que les meubles et les recoins.

Alors qu'elles avaient pratiquement été éradiquées en France au milieu du XXe siècle, le ministère constate une recrudescence, à partir des chiffres remontés par les professionnels de l'extermination des parasites.

Selon eux, 400.000 sites, dont non seulement des logements mais aussi des hôtels, ont été traités en 2018, dernière année de référence, soit presque un tiers de plus que l'année précédente.

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Le gouvernement lance donc vendredi une campagne d'information, avec un numéro (0.806.706.806) et un site dédiés. Il compte aussi demander aux professionnels de se structurer, avec un label à la clé, et prévoit le lancement prochain d'une mission à l'Assemblée nationale pour étudier d'éventuelles évolutions législatives.

Si le sujet des punaises de lit mobilise désormais jusqu'au gouvernement, cela fait près d'un an qu'il émerge plus largement dans le monde politique.

Un «fléau» dénoncé par Griveaux

Début février, alors qu'il était encore le candidat de la majorité présidentielle à la mairie de Paris, Benjamin Griveaux, depuis remplacé par Agnès Buzyn, se prononçait pour un «service public municipal» contre les punaises.

M. Griveaux avait donné un tour personnel au sujet en racontant, auprès du journal 20 minutes, une infestation qui avait frappé sa propre famille. «C'est un cauchemar», avait-il témoigné. «Il faut en parler pour que les gens n'aient pas honte de le dire. Quand j'en ai parlé la première fois à un dîner, subitement la parole s'est libérée.»

Avant que des figures de la majorité se saisissent du sujet, c'est d'abord l'opposition de gauche radicale, chez les Insoumis, qui en a fait l'an dernier un cheval de bataille.

Une demande de longue date de LFI

A l'été 2019, les députés insoumis demandaient à reconnaître les infestations de punaises de lit comme un enjeu de santé publique, exigeant du gouvernement un «plan d'urgence national d'éradication».

C'est, plus spécifiquement, la députée Mathilde Panot qui porte le sujet, au point de participer elle-même à plusieurs opérations de porte-à-porte aux côtés d'associations, en particulier dans la banlieue marseillaise.

«J'avais commencé à parler du fléau des punaises de lit dans la dernière campagne présidentielle», soulignait en janvier sur son blog le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon. «À l'époque, les réactions fluctuaient entre le scepticisme et la moquerie».

«Maintenant, plus personne n'a envie de rire», poursuivait-il, évoquant les punaises de lit comme un phénomène «renforcé par le modèle économique et social dans lequel évoluent les populations concernées».

Les Insoumis appellent notamment à un encadrement des prix de l'intervention des professionnels, et une interdiction des traitements par produits chimiques.

Le rôle clé d'un ministre

Le gouvernement n'exclut pas de telles mesures mais s'abstient pour l'heure de s'avancer, renvoyant à la future mission parlementaire. Au passage, il dément toute visée politicienne à quelques semaines d'élections municipales qui s'annoncent difficiles pour la majorité.

«On est engagés sur ce plan depuis de nombreux mois et ce ne sont pas les municipales qui nous forcent à traiter la question», assure le cabinet de M. Denormandie dont, de fait, l'action politique tourne beaucoup autour de la réhabilitation des logements existants.

Le cabinet explique en revanche que «l'expérience personnelle» du ministre, frappé comme M. Griveaux par des cas d'infestation, a joué dans son approche et lui a fait prendre conscience d'un «gap» (fossé) mental entre les particuliers confrontés aux punaises de lit et les autres.

«C'est un thème qui tient à cœur au ministre», a résumé le cabinet.
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