Alors que le premier réacteur de la centrale nucléaire de Fessenheim doit être mis à l’arrêt dans la nuit du 21 au 22 février 2020, des salariés assurent à l’AFP qu’ils pourraient désobéir et ne pas appliquer les procédures.
«Il y a une forme de mécontentement qui pourrait s'exprimer comme ça», a expliqué un salarié de longue date, qui ne souhaite pas être identifié.
«Une équipe de quart, composée de dix à quinze à personnes» doit initier vers 20h30 le processus d'arrêt du réacteur N.1, a également indiqué à l'AFP une source syndicale au sein de la centrale.
«Ce sera un moment très difficile pour eux, personne ne veut être à l'origine» de l'arrêt du réacteur ni «faire partie de l'équipe» à l'origine de cette action. «C'est une équipe soudée» et «chacun sera alors face à ses responsabilités».
«Pour l'ensemble du personnel de quart, cette nuit d'arrêt du réacteur N.1, réaliser les gestes pour le découpler définitivement sera quelque chose de très difficile à vivre», explique encore cette source.
«Dire si réellement certains agents refuseront de le faire, c'est une initiative personnelle pour laquelle je ne peux pas me prononcer», poursuit cette source, soulignant que les syndicats conseillent aux salariés «de faire leur travail jusqu'au bout, de ne pas s'exposer à des sanctions pénales».
«Il y a aussi le fait qu'on aimerait plus de reconnaissance, il y a une absence de prise en compte des aspirations des salariés, on veut de meilleures conditions de reclassement», ajoute un autre salarié.
Un arrêt moralement difficile
Cependant, une telle désobéissance est «absolument impensable», selon une autre source au sein de la centrale.
«Il y a des mouvements d'humeur, du mécontentement, des hauts le cœur, oui: personne n'a envie de débrancher ce réacteur sûr, rentable... Il y a une énorme émotion, mais en même temps tout le monde fait son boulot. C'est une question d'honneur. Le travail sera fait et bien fait. Tout le monde suivra les ordres», affirme ainsi ce dernier salarié.
«Cela fait mal aux tripes, mal au cœur, mais vous avez affaire à des gens qui vivent avec des procédures, avec des règles, et qui sont très respectueux de ces procédures. Il est impensable, inenvisageable que la loi ne soit pas respectée», conclut-il.