Depuis le 23 janvier, Alexandre Vinnik est en détention en France et il le restera.
Accusé de blanchiment d’argent et de fraude à la cryptomonnaie, le programmeur russe a été extradé de Grèce après avoir été arrêté en 2017. Lors d’une audience fin janvier, le juge français a décidé de le garder en détention provisoire. Les avocats d’Alexandre Vinnik ont fait appel de cette décision début février.
«C’est le droit d’Alexandre Vinnik d’avoir un procès public. Nous nous opposons à tout débat à huis clos, parce que cette technique pourrait cacher le manque total d’éléments de preuve de la part des autorités», insiste Zoé Konstantopoúlou au micro de Sputnik.
Par ailleurs, les avocats ont déclaré avoir eu des difficultés à communiquer avec leur client. Vinnik est également coupé de ses proches. Véra Vinnik, la mère d’Alexandre, venue à Paris pour assister à l’audience et essayer de rencontrer son fils, est constamment au bord des larmes: «Je n’ai même pas pu l’appeler le jour de son anniversaire, le 16 février». Mais Véra Vinnik a également un autre sujet de préoccupation: l’état de sa belle-fille, atteinte d’un cancer, a récemment empiré. «Nous ne lui disons pas qu’Alexandre est en France. Sa femme vit ses derniers jours», se désole Véra Vinnik.
«D’après les juges, il fallait isoler Alexandre pour le protéger, s’insurge Zoé Konstantopoúlou. C’est une approche orwellienne: on te retire les droits pour ton bien. Ce n’est qu’une atteinte à ses libertés, pour affecter sa dignité et sa résistance.»
Le 8 février dernier, l’ambassade de Russie à Paris a envoyé une note de protestation au ministère français des Affaires étrangères en lien avec l’affaire Vinnik «pour demander que les droits du citoyen russe soient respectés […] ainsi que pour accélérer l’examen de la demande du procureur général de la Fédération de Russie de remettre Alexander Vinnik à la Russie, en tenant compte de sa citoyenneté et de son accord à être extradé vers la Russie.»
La note diplomatique est restée sans effet sur l’instruction du dossier, d’après l’avocate, qui affirme ne pas être au courant de cette démarche diplomatique.
«Le 10 février, il y a même eu une nouvelle restriction des droits à l’encontre d’Alexandre: une ordonnance d’isolement judiciaire. Puis, le 13 février, on signale une tentative d’interrogatoire de Vinnik, sans convocation», précise Zoé Konstantopoúlou.
L’audience a été interrompue à plusieurs reprises et s’est terminée tard dans la soirée. Après les plaidoiries des avocats et du procureur adjoint, qui ont demandé le maintien en détention de Vinnik, le tribunal a donné la parole au Russe. Vinnik a signalé au juge une violation de ses droits, tant du côté français que du côté grec:
«J’ai envoyé plus de dix requêtes par le biais des autorités chargées de l’enquête et je n’ai pas reçu de réponse à la question de savoir si je suis un témoin, un suspect ou un accusé.»
«Alexandre n’a pas été entendu. Néanmoins, nous sommes heureux que, pour la première fois, la presse ait pu assister à l’audience et constater le manque de procédure indépendante et impartiale», a souligné Zoé Konstantopoúlou à l’issue de l’audience.
Lors d’une conférence de presse à Paris ce 18 février, Véra Vinnik a déclaré qu’elle avait remis à Alexey Popov une lettre ouverte à destination d’Emanuel Macron: «Je vous demande de lui assurer les droits pour une audition impartiale et objective au même niveau que pour les citoyens européens, dont il est actuellement privé».
De son côté, le ministère français des Affaires étrangères a déclaré avoir envoyé la demande d’extradition vers la Russie de Vinnik au ministère de la Justice le 31 janvier dernier.